La première année de son mandat, le Président a malmené les syndicats de salariés et des patrons. Il a prétendument reformé le Code du travail en acceptant quelques amendements cosmétiques de la CFDT. De même, il a passé en force pour vaguement transformer la SNCF, sans rien concéder ou presque aux syndicats réformistes. Il a exigé que les partenaires sociaux négocient sur l’assurance chômage, mais le résultat ne lui plaît pas et il les somme de recommencer.

Cette façon de mettre de côté les syndicats a permis à peu de frais à Emmanuel Macron de montrer ses muscles et de cultiver son image de réformateur pur et dur que rien n’arrête ; il voulait soigner le côté droit de l’opinion. Mais toute cette agitation n’a pas eu les résultats escomptés : les Français sentent bien que le pouvoir n’a effectué, en fait, aucune réforme réelle et a pris juste des mesurettes. Et à vouloir passer tout le temps en force, M. Macron a brouillé son image à gauche, ce qui l’a conduit à une chute vertigineuse dans les sondages.

Voyant qu’il est dans une impasse, M. Macron tente une autre approche. Non qu’il va changer quoi que ce soit sur le fond, mais sur la forme, il va faire semblant d’écouter les partenaires sociaux. Pour cette raison, il a reçu, mardi matin, huit organisations syndicales et patronales et leur a promis plus de dialogue à l’avenir ; il prétend qu’il a été contraint de passer en force vu le blocage que connaissait, en 2017, la société française. Son propos sonne évidemment faux, puisque ses réformes sont cosmétiques ou presque.

Le principal chantier de la rentrée sera la troisième négociation, depuis 2017, sur l’assurance chômage dont la gouvernance échappe à l’État. Avec la reprise pourtant médiocre, les entreprises ont du mal à recruter, car le système actuel n’incite pas assez les chômeurs à reprendre un emploi à plein temps. Aussi, M. Macron souhaite, paraît-il, taxer les contrats courts. Cette proposition mise en avant par les syndicats de salariés mais vomie par le patronat va-t-elle servir de monnaie d’échange ?

Car Emmanuel Macron souhaite supprimer l’allocation spécifique (un RSA légèrement amélioré) que verse l’État aux personnes au chômage depuis plus de deux ans. Il voudrait que l’UNEDIC se substitue au budget, ce que les partenaires sociaux refusent. Mais le gouvernement menace de passer en force en demandant au Parlement d’adopter une loi ad hoc ; aucun de ses prédécesseurs n’a osé, ainsi, reprendre les rênes de l’UNEDIC.

Les autres problèmes qui seront soumis à la discussion sont secondaires et on trouvera facilement un accord, ce qui permettra au pouvoir de prétendre que le dialogue social fonctionne.

Les syndicats de salariés ont eu une réaction mitigée : certains, comme la CFDT, voudraient bien croire qu'Emmanuel Macron est sincère, mais la CGT se méfie et, pour une fois, je lui donne raison. M. Macron ne changera jamais. En tout cas, dans les médias, sa propagande tourne à fond et salue le prétendu tournant social, mais tout cela n’est que théâtre et illusion.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 21/07/2018 à 21:46.

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17 juillet 2018 à 17:44

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