Article 1 : le chef a toujours raison.
Article 2 : lorsque le chef a tort, se référer à l’article 1.

Emmanuel Macron, qui n’a pas fait de service militaire - mais on ne le lui reprochera pas -, l’a bien compris. Dans l’entretien-fleuve qu’il a donné au Point, le Président est revenu sur ce qu’il est convenu d’appeler l’« affaire Villiers ». Pour lui c’est "une tempête dans un verre d’eau". On ne refera pas ici le film de cette polémique mais Emmanuel Macron oublie de préciser que cette tempête, c’est bien lui, le Neptune de l’Élysée, qui l’a déclenchée et personne d’autre, le général de Villiers n’ayant fait que son devoir en s’exprimant à huis clos devant la commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale.

La légèreté avec laquelle le Président traite cette affaire est plutôt déconcertante : "Il y avait trois milliards de crédits gelés, sur lesquels on a annulé 850 millions." Rien que ça ! Et d’ajouter : "Aucune opération n’a été bloquée pour cela. Aucun de nos soldats n’a eu à en pâtir. On a simplement reporté des commandes de matériel." Là, on frise la mauvaise foi la plus totale. Évidemment que l’on n’a pas retiré un centime d’euro sur les soldes des militaires ou rapatrié un seul soldat de nos théâtres d’opérations extérieures pour essayer d’économiser ces 850 millions. "On a simplement reporté des commandes de matériel" relativise Emmanuel Macron.

Dire cela alors qu’on est chef des armées et, à ce titre, comptable de la vie de nos soldats est tout simplement honteux. Nos soldats sont engagés sur de nombreux théâtres, souvent dangereux, meurtriers. Les matériels sont à bout de souffle et lorsqu’un véhicule, qui a parfois deux fois l’âge des hommes qui y sont embarqués, saute sur un engin explosif, on pense alors à ces véhicules, mieux protégés, plus performants dont on a "simplement reporté" [les] "commandes" et qui auraient pu épargner des souffrances, des vies… Le chef des armées est aussi comptable du sang de nos soldats qui serviront demain, après-demain sous nos drapeaux. Car le budget de la Défense ne se pilote pas comme une barcasse mais comme un navire au long cours.

Mais au-delà de cette désinvolture, le Président, à travers cette interview, dévoile un peu plus le mépris qu’il a pour les armées. "Les armées ne font pas ce qu’elles veulent, elles ne sont pas autopilotées", a-t-il osé déclarer. Qui imaginait cela ? Existe-t-il une seule institution dans l’État qui soit aussi loyale, dévouée, disciplinée, obéissante que l’armée ?

Emmanuel Macron persiste et signe par ces propos humiliants qui sont indignes d’un chef des armées. Il dit ne nourrir aucun regret. Heureux homme. Heureux l'homme aussi qui trouve un grand plaisir à ses commandements ! Souhaitons à Emmanuel Macron de n’avoir jamais de remords…

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31 août 2017 à 17:47

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