Christophe Barbier, commentant à bien plus de 80 km/h le dernier sondage Elabe pour BFM TV, est passé très vite sur certains très mauvais scores du chef de l’État. Il est perçu par 80 % comme « autoritaire », un niveau en hausse de 7 %. Et les Français sont aussi 60 % à le juger « inquiétant ». Comment en est-il arrivé là, ce jeune homme choisi justement pour son aspect rassurant censé inspirer la confiance, face à des "populismes" qui, eux, avaient été habillés des oripeaux de toutes les peurs ?

L'été est passé par là et les affaires - toujours en cours - Benalla et Kohler ont laissé des traces, révélant des angles ignorés de sa personnalité et de sa pratique qui jettent une lumière nouvelle sur sa première année au pouvoir. L'affaire Benalla illustre, du début à la fin, cette pratique du pouvoir comme fait du prince devant qui toutes les institutions doivent s'incliner : ce garde du corps a été imposé par lui à l’Élysée, c'est lui qui lui a octroyé toute une série d'avantages, c'est lui qui n'a pas voulu s'en séparer après les événements du 1er mai, c'est encore lui qui, par ses silences et les mensonges de son porte-parole, ne voulait pas non plus le congédier alors que le scandale était patent. Comment les Français ne seraient-ils pas enclins à trouver ce Président autoritaire ? Surtout si l'on ajoute à cela sa façon d'« assumer » en forme de défi aux parlementaires, et ses pressions pour que la commission d'enquête de l'Assemblée nationale se saborde.

L'autoritarisme du Président est apparu alors en pleine lumière, sans surprise vis-à-vis de sa majorité mais - plus inquiétant - sur les institutions ou les personnes de son entourage : les auditions des hauts responsables de la police, de la gendarmerie et de l’Élysée les a montrés sous un triste jour, tentant de justifier l'injustifiable, et manifestant surtout leur soumission. Ils peuvent l'appeler loyauté ou sens de l’État, ils ne sortent pas grandis de cette affaire. Soit ils se sont tus servilement devant les exigences du Président. Soit ils ont osé quelques conseils de prudence que celui-ci a balayés, imposant cet homme, avec les risques évidents qu'un tel choix comportait. On peut comprendre que ces hauts responsables n'aient guère été poussés à contredire le chef de l’État quand ils avaient vu, il y a un an, comment il avait brutalement contraint le général de Villiers à la démission.

Mais cela a montré aux Français d'une part que ce Président, à qui tout semblait réussir comme par enchantement, pouvait commettre de grosses erreurs jusque dans le choix de collaborateurs très proches comme M. Benalla, d'autre part que les garde-fous qui auraient dû fonctionner ne le pouvaient plus car il les avait lui-même rendus inopérants.

Depuis l'affaire Benalla, l'autorité d'Emmanuel Macron ne rassure plus les Français mais elle les inquiète.

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25 août 2018 à 10:44

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