Emmanuel Macron parviendra-t-il à restaurer la confiance ?

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L'analyse politique, depuis que le président de la République semble avoir repris la main, est condamnée à des banalités. Comme si l'opinion était faite sur Emmanuel Macron et la cause entendue.

Même un Jean Garrigues, spécialiste de l'histoire des pouvoirs présidentiels, ne peut pas briller par l'originalité quand il évoque "pour Emmanuel Macron, la contradiction incompréhensible entre la présidence d'éloignement jupitérien et une communication de familiarité excessive" (Le Figaro).

Comme si ce quinquennat, encore loin de sa fin, permettait une appréhension à gros traits, des tendances clairement identifiables et, notamment, une distinction entre une première année réussie et les mois suivants. Ceux-ci ont été caractérisés par les dérives à répétition de l'affaire Benalla et l'interminable bouillonnement démocratique, à cause des gilets jaunes ou grâce à eux selon qu'on les juge comme une chance ou une calamité, en tout cas à la longue.

Les multiples émissions deviennent lassantes parce qu'obligatoirement monotones, ressassant la volonté des gilets jaunes de poursuivre et de ne rien "lâcher", l'omniprésence présidentielle avec le grand débat national et la campagne de moins en moins déguisée qu'il porte, les difficultés des solutions à adopter à partir du 15 mars. Élections européennes non couplées, certes, avec un référendum, mais alors, à quelle date et sur quels sujets ?

Pourtant, à bien observer la situation, depuis que le Président, grâce au grand débat national, a constitué la crise qui prétendait l'obliger à se démettre telle une occasion pour se sortir de la nasse politique, le citoyen est confronté à une double impression. Un entre-deux avec un Président indiscutablement sauvé, d'un côté, et, de l'autre, un Emmanuel Macron encore menacé, fragile.

Selon les options qu'il aura la sagesse ou non de sélectionner pour fournir une conclusion plausible et acceptable pour tous ceux qui sont dans une impatience républicaine.

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Cette configuration est étrange qui, mêlant une sensible remontée dans les sondages à une morosité et une hostilité civiques loin d'être atténuées - par exemple, sur Sud Radio, une impressionnante majorité d'auditeurs donnant raison à l'Italie et à Salvini contre le président de la République -, inscrit dorénavant le quinquennat dans une stabilité et une légitimité retrouvées mais sans avoir dissipé les doutes sur sa politique future.

Emmanuel Macron, s'il a promis de tirer des enseignements décisifs du grand débat, le fera-t-il vraiment ? Pour amplifier sa sauvegarde ou faire respirer les années qui lui restent avec un nouveau souffle ? Par tactique ou par conviction ?

Cet entre-deux deviendra-t-il le cours enfin paisible d'une unité retrouvée ou une habitude qui fera durer le Président sans une confiance restaurée ?

Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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