Aux amateurs de casse-tête chinois, sacs de nœuds ou puzzles 12.000 pièces, il faut recommander l’article du Parisien consacré aux conseillers de l’Élysée. Des heures de loisirs en perspective. La configuration et les intrigues de l’équipe macronienne surpassent de très loin les tuyauteries des raffineries les plus sophistiquées.

Un conseiller s’en va, l’autre pense à partir, mais celui-là intrigue pour rester, certains ne s’adressent plus la parole, mais deux chiraquiens pourraient arriver, des rumeurs circulent, mais démenties par untel, des sbires hors équipe interviennent discrètement… Ceux qui avaient prévu de lire le journal pour se détendre se sont fourvoyés lourdement.

« Ambiance délétère », sous-titre sobrement la rédactrice (en arrêt de travail pour surmenage). Disons « ambiance pourrie », pour faire simple. 52 conseillers. L’armée mexicaine au grand complet. Au bout du travail de toute cette armada, il y a la voiture présidentielle fuyant sous les insultes et les menaces des habitants du Puy-en-Velay. Le résultat est là. Tangible. L’agitation technocratique ne produit rien. Ou plutôt l’inverse de l’effet recherché. Après un an seulement, le désert manque de sable. Coluche avait vu juste.

"Il entend mais n’écoute personne", confie l’un des acteurs du mélodrame. Pour rappel, la mode du « j’ai entendu » fut lancée par François Hollande. La colère des routiers, des ambulanciers, des ouvriers, des chômeurs… Il entendait. Sans appareillage, sans sonotone, juste avec ses deux oreilles. Performance ! À partir de ce moment, l’Élysée entra dans sa période abstraite. Avec un langage bobo tout droit sorti du cabinet d’un psy, le déphasage était en marche. Emmanuel Macron reprit la vacuité de la formule. Lui aussi entendait. Il avait le même otorhino que son prédécesseur. Gloire à lui.

Pour ajouter un peu de confusion à la confusion, l’article du Parisien se termine sur une réflexion personnelle de la journaliste qui appelle de ses vœux une présence féminine plus forte au sein des équipes. Le lecteur, déjà bien fatigué par la description du chaos élyséen, lâche le journal et succombe sous le poids de l’irréel. « Qu’est-ce que cette histoire d’homme ou de femme vient faire là-dedans ? » se dit le surmené, qui pense immédiatement à Jack Palmer (le héros de Pétillon) arrivant à l’aéroport de Beyrouth durant la guerre civile. Un douanier s’avance vers lui et prononce cette phrase mémorable : « Écoutez, M. Palmer, la situation est déjà suffisamment compliquée… »

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04 janvier 2019 à 17:24

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