Qui l'eût cru ? Ces deux noms – Macron, Hollande – associés, non pas dans une opposition, une succession, une dialectique de l'ancien et du nouveau, du mou et du ferme, de la bonhomie bête et de l'élégance conquérante, mais dans une identité, une correspondance, une même trajectoire... C'est pourtant ce qui ressort du dernier sondage mensuel BVA-Orange pour RTL et La Tribune, effectué les 29 et 30 août derniers : Emmanuel Macron est tombé à 34 % de bonnes opinions. Une chute de cinq points en un mois. Désormais, 66 % des Français ne font pas confiance au chef de l'État, élu, rappelons-le, il y a un an, avec 66 % des suffrages exprimés. Sacré renversement.

Cette chute n'étonnera personne, tant l'été fut mauvais pour le Président, les affaires s'ajoutant aux mauvais résultats économiques, le tout sur fond de communication présidentielle au mieux maladroite et décalée, au pire arrogante. Et le sondage ayant été réalisé après la démission choc de Nicolas Hulot, il n'est pas surprenant que ce soit parmi les électeurs EELV que la chute soit la plus spectaculaire : -17 % en un mois ! Ce qui est inquiétant pour le Président, à la base électorale fragile et composite, c'est que cet électorat constituait son socle sociologique : une gauche moderne, verte, urbaine, bobo. On comprend, aussi, qu'il essaie de la rattraper par la manche en tentant de remplacer Nicolas Hulot par Daniel Cohn-Bendit. Recruter cette icône lui permettrait aussi de satisfaire ceux de ses partisans qui considéraient que la barque du macronisme, avec Édouard Philippe, certaines mesures libérales et une certaine fermeté régalienne, penchait trop à droite. Cinquante ans après Mai 68, la nomination de Dany serait un symbole, même si le bénéfice de l'opération n'est guère assuré.

Par ailleurs, Emmanuel Macron recule dans toutes les autres catégories : -6 % chez les électeurs LR et même –11 % chez ceux du RN ! C'est dire qu'il ne reste plus grand monde dans cet électorat (9 % !) pour soutenir Emmanuel Macron. Et là, ce n'est plus Benalla ou Hulot qui expliquent cette clarification, c'est la saga de l'Aquarius, qui a montré que la fermeté migratoire du Président n'était que du vent.

Mais ce qui a donc retenu l'attention de tous, avec ce nouveau record d'impopularité d'Emmanuel Macron, c'est qu'il s'approche du niveau de François Hollande (32 %) au même moment de son quinquennat. Certes, jusqu'à maintenant, les « retours » de François Hollande fonctionnaient opportunément comme des faire-valoir pour Emmanuel Macron : « D'accord, ça ne va pas, mais à côté de l'autre, y a pas photo ! » Tel était le raisonnement, plus ou moins conscient, de l'opinion. François Hollande agissait comme un vaccin stimulant un anticorps nommé Macron. Mais le vaccin n'agit plus. Les critiques de Hollande, au lieu de rehausser la popularité du Président, contribuent même à l'enfoncer. Et cette rentrée, par bien des aspects, nous montre un Macron hollandisé : retour d'Agnès Saal nommée par une Françoise Nyssen elle-même controversée, nouveaux cafouillages sur l'impôt à la source, une réforme héritée de Hollande, impression d'amateurisme généralisé autant dans le choix des ministres que dans les mesures économiques décidées pour boucler le budget. Une impression de déjà-vu. Sous Hollande.

En cette rentrée 2018, Emmanuel Macron a perdu tous ses masques flatteurs - et menteurs – pour redevenir ce qu'il était : un énarque socialiste recruté par… François Hollande.

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01 septembre 2018 à 15:11

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