Comme le rapportait ici Georges Michel, Emmanuel Macron s'est vu attribuer le prix Charlemagne 2018, pour "sa vision forte pour une nouvelle Europe", a annoncé la ville d'Aix-la-Chapelle, localité allemande proche de la Belgique et des Pays-Bas, et qui fut la résidence finale du grand empereur fondateur de la dynastie carolingienne.

C'est en défenseur de la souveraineté européenne qu'Emmanuel Macron s'est adressé au parterre européen réuni à Aix-la-Chapelle. Et le chef de l'État français a reçu des mains d’Angela Merkel soi-même le prix qui récompense, tous les ans depuis 1950, les personnalités les plus engagées dans la construction européenne.

Quasi mystique, dans une sorte de prêche, Macron a exalté le « rêve carolingien » (sic) d’une Europe occidentale unie, lequel rêve n’a cependant duré guère plus d’un demi-siècle, balayé par le traité de Verdun (déjà !) en 843.

Notre nouveau Charlemagne a - en même temps - enseigné aux peuples d’Europe ses « quatre commandements » qui, selon lui, sont nécessaires pour forger une véritable « souveraineté européenne » face à la menace des « nationalistes » et des « populistes ». Et exalté, en concluant, il s’est envolé dans les cieux étoilés européens : "L'Europe est une utopie et pourtant, vous êtes là. Les utopistes sont des pragmatiques et des réalistes." Je croyais, jusqu’à présent, exactement le contraire !

En bon banquier, il n’a cependant pas omis de parler budget et gros sous, évoquant "une zone euro plus forte, plus intégrée, avec un budget propre permettant les investissements et la convergence, parce que c'est le seul moyen de permettre à tous les États qui souhaitent aller de l'avant d'aller dans cette direction" (sic). Soyons objectifs : il n’a toutefois pas ajouté « Nous sommes au bord du gouffre, faisons un grand pas en avant ».

Donc, ce Président français verrait bien une part de nos impôts gérée par des instances non françaises au nom de l’utopie européenne forte de l’exemple carolingien vieux de quelque douze siècles - une paille !

Loin de moi l’idée de minimiser la Renaissance carolingienne et ce qu’elle a légué à l’Europe occidentale. Mais, comme toujours en géopolitique, fille de l’Histoire et de la Géographie, Macron s’engage en des chemins inconnus de lui et glissants. Par exemple, Macron a-t-il pensé que le grand empereur était quand même le petit-fils de Charles Martel, dont le nom doit dorénavant être honni et banni de l’Histoire de France ?

Enfin, dissoudre la France dans une Europe utopique - c’est lui qui l’a dit - quand on est sorti de l’ENA et qu’on doit tout à la France et à l’État, cela me paraît très inquiétant.

Il est grand temps que tous ceux qui, de toutes origines politiques, se disent amoureux de la France et tous ceux qui se réfèrent à l’héritage spirituel du général de Gaulle, comme Les Républicains, prennent conscience de la pensée du personnage que l’Histoire, en ses errements, a mis à la tête de la France.

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12 mai 2018 à 17:16

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