Ce dimanche en Italie, il n’y avait pas que la tentative d’accostage d’un navire rempli de clandestins. Dans 761 communes (ou quartiers de ville) se tenaient aussi des élections. Le second tour aura lieu dans quinze jours mais, déjà, l’analyse du premier est sans appel : le Partito Democratico de M. Renzi et la gauche poursuivent leur chute, M5S est en panne, l’alliance centre droit l’emporte et, dans son sein, la Lega se renforce. Le stratège Giancarlo Giorgetti peut être satisfait : depuis six mois, Salvini fait un sans-faute.

La Lega et M5S étaient concurrents. En effet, leur gouvernement commun se fait sur le fondement d’un accord exécutif et non d’une alliance politique.

Dans certaines villes, le centre droit n’était pas uni, pourtant, à Brindisi, le candidat Forza Italia est devant celui du PD. La Lega fait, de plus, presque jeu égal avec M5S, qui n’est même pas en position d’arbitre. Ce n’est pas le cas à Sarzana, où M5S aura à choisir entre la Lega et le Partito Democratico, tout comme, par exemple, à San Cesareo, dans la banlieue de Rome. À Anagni, CasaPound et ses alliés sont à 20 %.

Autre cas de figure plus rare : Terni, où le centre droit manque de peu l’élection au premier tour et où le second est M5S.

Dans le sud, aussi, M5S marque le pas, ainsi à Castellammare di Stabia, ville de chantiers navals, le centre droit devance nettement une liste « civique », elle-même à égalité avec le PD ; M5S est quatrième.

En Sicile, la situation est de plus en plus volatile. Ainsi, à Catane, le candidat centre droit est élu au premier tour, mais pourrait être invalidé car sous le coup d’une inculpation grave. L’ancien ministre et maire est second, avec moitié moins de voix que l’élu (!), M5S est relégué à 16 %. À Messine, le maire sortant est à 15 % alors que le centre droit est à 28 %. Syracuse devrait repasser au centre droit. À contre-courant Giacomo Tranchida (PD) est élu à Trapani avec plus de 70 % !

Quelques autres villes : à Vicenza, le candidat centre droit est élu au premier tour. À Trévise, le centre droit l’emporte (Lega : 20 %) devant l’ancien maire de gauche. À Ancône, la gauche est en ballottage, la Lega devançant Forza Italia. Il sera intéressant de voir ce que feront les 18 % des électeurs M5S qui pourraient donner la victoire à leurs alliés gouvernementaux. À Pise, place forte du Partito Democratico, le centre droit est en tête de peu avec la Lega, à presque 25 %. Là aussi, les petites listes et M5S pourraient faire basculer la ville. À côté, à Sienne, le sortant du Partito Democratico devrait sauver son siège de peu, sauf accord entre ses adversaires.

Dans les quartiers de Rome renouvelables, les résultats pourraient indiquer l’avenir de toute l’Italie. Par exemple, Monte Sacro (classe moyenne) semble perdu pour M5S au profit d’un candidat proche de la Lega, en ballottage très favorable, et dans le mythique quartier de Garbatella (populaire en voie de boboïsation), un jeune militant de la gauche écologiste européiste l’emporte au premier tour contre l’un des jeunes loups de Berlusconi. Ramené à Paris, cela donnerait le 10e passant chez EELV et le 15e à Debout la France.

L’incontestable résistance de Forza Italia, liée à son implantation ancienne, est sans doute un signe important, autant que le soutien de Berlusconi à la fermeture des ports aux migrants. Mais, plus que jamais, le maître du jeu, c'est Salvini.

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12 juin 2018 à 9:46

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