Dimanche était une journée électorale en Allemagne et en France. Grande journée pour les Allemands avec le renouvellement du Bundestag. Petite journée pour la France avec l'élection de la moitié du Sénat élue par 76.000 "grands électeurs".

Apparemment, les résultats sont opposés. En Allemagne, la CDU-CSU, le parti d'Angela Merkel, recule, mais avec un tiers des voix, il demeure le premier parti du pays et formera le prochain gouvernement. Le SPD, les sociaux-démocrates qui participaient à la grande coalition, ont été plumés par cette alliance et ne s'allieront plus avec la droite. Beaucoup de leurs électeurs (400.000), inquiets du poids grandissant des migrants, ont préféré l'Afd, l'équivalent du Front national. D'autres ont choisi l'extrême gauche Die Linke. Ce parti stagne plus qu'il ne progresse alors que l'Afd réussit son entrée au Bundestag avec 12,6 % des suffrages et 94 députés, ce qui en fait la troisième formation nationale. Les libéraux reviennent au Parlement et seront sans doute membres d'une nouvelle coalition insuffisante pour constituer une majorité. Celle-ci nécessiterait l'adjonction des "Verts", opposés aux libéraux sur de nombreux sujets.

Globalement, les bons résultats économiques de l'Allemagne ont sans doute permis à Mme Merkel de s'assurer un quatrième mandat. Toutefois, sa politique fondée sur une image rassurante mais dénuée de fermeté a fait basculer un million de voix au profit de l'Afd. Les libéraux, eux, lui demanderont plus de rigueur à l'égard de l'Europe. L'introduction subreptice du mariage unisexe à la veille de l'élection lui a sans doute aussi aliéné des votes conservateurs. La difficulté, pour la chancelière, consistera à vouloir reconquérir des électeurs qui ont glissé vers la droite libérale ou nationale, tout en gouvernant avec les écologistes... Ce n'est pas gagné !

L'Allemagne actuelle est vieillissante et comprend une population grandissante d'habitants, voire de citoyens qui appartiennent à une autre culture et sont parfois sous la pression directe d'États étrangers, comme la Turquie. Le nationalisme de l'Afd est l'appel légitime à la défense d'un peuple qui ne veut pas mourir. En cela, ce mouvement se situe dans l'ensemble européen. On observera, d'ailleurs, qu'il avait échoué en 2013 lorsqu'il privilégiait la question de l'euro, et qu'il réussit quand il met en avant celle de l'immigration. Il y a, là, un enseignement qui confirme l'une des causes de l'échec du Front national en France, et l'erreur de la stratégie associée à Florian Philippot.

La déception ressentie par Mme Merkel est sans doute plus douloureuse encore pour M. Macron. Avec un gouvernement allemand plus ferme sur l'immigration et sur la solidarité européenne, il va être plus difficile de s'entendre. La situation économique et sociale française favorise l'opposition de gauche dans la rue. Elle a sans doute contribué au succès relatif de l'opposition de droite aux sénatoriales. Il ne faut pas surinterpréter un scrutin sélectif auquel a participé le collège électoral issu des élections municipales de 2014.

L'Allemagne et la France semblaient devoir converger, tant les politiques de Mme Merkel et de M. Macron se ressemblaient. Au lendemain des élections fédérales allemandes, c'est beaucoup moins vrai, et cela tient du paradoxe. La France, avec son "non" au référendum sur la Constitution européenne et les résultats électoraux du parti de Mme Le Pen, incarnait la "menace" populiste et, à la suite d'un concours de circonstances, elle se retrouve avec un exécutif social-"libéral" progressiste et europhile. C'est elle qui veut plus d'Europe et ne souhaite pas en fermer les frontières, quand la majorité allemande va sans doute davantage mettre en exergue l'intérêt national, être plus rétive en matière de solidarité, plus fermée sur le terrain des migrants.

Il faut craindre qu'une fois encore, cette tendance de la France, depuis 1981, de prendre l'autoroute à contre-sens, en méconnaissant à l'époque les nécessités économiques et en étant aveugle aujourd'hui sur les menaces qui pèsent sur l'identité et l'existence de la nation française, ne conduise à la catastrophe. Macron est un contre-sens, une erreur de l'Histoire !

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25 septembre 2017 à 16:32

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