DVD : The Looming Tower, le feuilleton qui relate les causes du 11 septembre 2001, enfin en DVD !

The Looming tower : le feuilleton qui relate les causes du 11 septembre 2001 enfin en DVD

The Looming Tower, mini-feuilleton de dix épisodes tiré du livre de Lawrence Wright et diffusé sur la plate-forme de streaming Hulu, est sorti cette semaine en DVD. L’occasion pour nous de revenir sur les conditions qui ont rendu possibles les attaques du 11 septembre 2001.

À l’époque – et chacun se souvient peu ou prou de ce qu’il faisait ce jour-là –, nous ne comprenions pas grand-chose des événements que commentaient, en boucle, les journaux télévisés, si ce n’est qu’Al-Qaïda était probablement à la manœuvre. Par la suite, Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense sous George W. Bush, brouilla davantage les cartes en voulant à tout prix lier les attaques à Saddam Hussein et à l’Irak, en vue, semble-t-il, de préparer la seconde guerre du golfe – c’est ce qu’exigea en son nom Condoleezza Rice, conseillère à la sécurité nationale des États-Unis, à Richard Clarke, le coordinateur national pour la sécurité chargé de faire coopérer la CIA et le FBI.

Si ce feuilleton hyper-documenté est une condamnation sans appel de l’inconséquence et de l’incapacité de l’administration Bush à prendre conscience du danger que représentait Al-Qaïda – Rice, en particulier, en prend pour son grade –, les deux agences américaines de renseignement, la CIA et le FBI, ne sont pas épargnées. La première, nous dit Lawrence Wright, prit la fâcheuse manie, dès la seconde moitié des années 90, de dissimuler ses informations à la seconde de crainte (justifiée) que le FBI n’eût recours à des arrestations intempestives sur le terrain et, ce faisant, n’empêchât les Américains de faire des indics potentiels parmi les djihadistes. Une position compréhensible de la part de la CIA que condamne un peu facilement Lawrence Wright.

Là où l’auteur voit juste, cependant, et sans la moindre équivoque, c’est qu’après l’attentat en 1998 contre l’ambassade américaine de Nairobi, au Kenya, la Station Alec, unité spéciale de la CIA chargée de combattre Oussama ben Laden, fit le forcing auprès du gouvernement, contre tout bon sens et à l’insu du FBI, pour bombarder Khartoum où le chef d’Al-Qaïda était attendu par ses pairs. Le président Bill Clinton, sans doute pour détourner l’attention des médias focalisés depuis des mois sur l’affaire Monica Lewinsky, donna alors son aval... Non seulement l’opération « Infinite Reach » fut un échec, mais la Ligue arabe condamna les frappes américaines, considérant que celles-ci constituaient une violation du droit international. Les conséquences pour les Américains furent dramatiques : Al-Qaïda recruta en masse…

Face au manque de coopération de la CIA, le numéro deux du FBI, John O’Neill (magnifiquement incarné à l’écran par Jeff Daniels) tempêta, vitupéra – parfois, aussi, contre sa propre hiérarchie –, navigua à vue et craignit à tout instant avec son équipe un attentat sur le sol national, notamment lors du passage à l’an 2000. The Looming Tower est aussi et avant tout un hommage au courage et à l’abnégation de cet homme et de ses coéquipiers, héros solitaires et dépassés par les événements, ayant depuis longtemps accepté de sacrifier des pans entiers de leur vie sociale (ainsi que nous le montrent les personnages d’O’Neill et d’Ali Soufan, joué par le très bon Tahar Rahim) au service de l’intérêt national.

Dès mars 2001, nous dit-on, la CIA eut connaissance de la présence, sur le sol américain, des djihadistes qui commirent quelques mois plus tard les attentats contre les tours jumelles, et prit soin de ne jamais en avertir le FBI. Le destin de John O’Neill ne nous paraît que plus cruel : contraint par son supérieur de démissionner pour des questions d’ego, l’homme « qui savait », qui comprenait la menace d’Al-Qaïda, fut embauché à la sécurité du World Trade Center où, par une ironie tragique, il fut lui-même victime du terrorisme. Son corps sera retrouvé dix jours après les attentats sous les gravats…

5 étoiles sur 5

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:47.
Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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