Dure rentrée pour Emmanuel Macron : et maintenant, Stéphane Bern qui se rebiffe !

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Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas. Après la démission fracassante de Nicolas Hulot, voici que ce cher Stéphane Bern menace de claquer la porte du joli château de cartes d’Emmanuel Macron. Certes, l’animateur n’est pas ministre mais il fait bien, dans le décor technocratique de la Macronie, donnant une touche "old regime" de bon aloi, tout à fait plaisante pour qui lit Point de vue sous le casque ou passe du temps devant la télévision. L’homme est populaire, et pas que dans les gentilhommières. Stéphane Bern dans le salon d'Emmanuel Macron, c’est un peu marier l’ancien et le moderne dans l’ameublement, le salé avec le sucré dans la cuisine. Très tendance.

Mais voilà, Stéphane Bern, à qui Emmanuel Macron a confié, en novembre 2017, la mission d’identifier "le patrimoine immobilier en péril" et de rechercher des "solutions innovantes pour assurer le financement des travaux indispensables", n’a pas l’intention d’être un "cache-misère" ou un "pantin". C’est ce qu’il a déclaré dans une interview donnée aux journaux du groupe EBRA (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes). Ce qui, au passage, n’est pas rien : neuf quotidiens couvrant la façade est de notre pays, entre Cavaillon dans le Vaucluse et Verdun dans la Meuse, plus de quatre millions de lecteurs… Pas rien, et pas innocent non plus : parler à la presse quotidienne régionale (PQR), c’est parler aux Français de la province, de la France périphérique, à la France qui lit le journal au coin du zinc. Une France bien connue d’Emmanuel Macron : on lui en a sûrement parlé à l’ENA. Une déclaration qui tombe donc comme le plâtre d’un vieux plafond dans la tasse en porcelaine d’Emmanuel et Brigitte Macron.

Qu’est-ce donc qui chiffonne Stéphane Bern ? Pour faire court, en deux chiffres : "450 millions d’euros pour rénover le Grand Palais à Paris. Et, pendant ce temps, on me laisse me décarcasser pour trouver 20 millions d’euros pour le patrimoine vernaculaire des petits villages." Une déclaration qui donne de l’eau au joli moulin en pierres de taille de ceux qui voient en Macron le Président des riches et de ces grandes métropoles où l’on peut voir des expositions branchées tous les jours que Dieu fait, entouré de femmes superbes hissées sur leurs talons de 15. Pas la France où l'on va chercher le pain en charentaises.

Les choses sont certainement plus compliquées et il est évident qu’on ne va pas sauver le patrimoine d’un pays comme la France à coups de loto. Les riches, d'ailleurs, ne jouent pas au loto… Et la France est un peu comme ces vieilles familles qui possèdent un château qu’elles n’arrivent plus à entretenir. Mais Stéphane Bern pointe aussi du doigt la loi sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), adoptée par le Sénat en juillet dernier. Selon l’animateur, cette loi va permettre de "détruire des quartiers entiers, protégés, sous prétexte qu’ils sont vétustes et dégradés". Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a répliqué que cette loi "permet au contraire de préserver le patrimoine de nos centres-villes et de nos centres-bourgs". Nous aimons tous Stéphane Bern, mais avouons tout de même qu’il existe dans ce pays des quartiers vétustes et dégradés qui ne méritent pas spécialement d’entrer dans le « patrimoine vernaculaire ». Tout est question d’équilibre, comme toujours.

En tout cas, cette déclaration a nécessité l’intervention des pompiers de la communication élyséenne, décidément bien sollicités ces derniers temps : "Ses propos ont été mal compris, il voulait alerter et sensibiliser sur le patrimoine. Il fait sur ce sujet un formidable travail et a été soutenu par un véritable engagement du président de la République." Mal compris ? De deux choses l’une : soit Stéphane Bern s’est mal exprimé, soit nous sommes sots.

Nicolas Hulot la semaine dernière, Stéphane Bern maintenant. Il ne manquerait plus que Line Renaud s'y mette.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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