Cela devient d’une banalité sans nom de le dire, mais rien ne sera plus comme avant depuis qu’Emmanuel Macron a largué ses bombes à fragmentation sur le paysage politique français. De la belle ouvrage, faut reconnaître. Pour reconstruire, il faudra un sacré plan Marshall !

Prenez les LR, héritiers très approximatifs d’une longue lignée de partis issus de l’épopée gaullienne. Il y a encore quarante ans, lorsque cela s’appelait l’UDR puis le RPR, on y exhibait encore ses lettres de noblesse frappées de la croix de Lorraine. Certes, les affaires du SAC ajoutaient un petit fumet d’arrière-salle qui n’était pas sans rappeler un peu le bon vieux temps de la Traction Avant. Mais, au fond, c’était pour la bonne cause, pour le chef – car il n’y avait qu’un chef, c’était ça, le principe à la base ! -, pour la France finalement qui, elle, a toujours bon dos…

Mais aujourd’hui, la noblesse cède le pas à l’accusé de réception et nous allons probablement entrer en des temps d’épopée pour les huissiers et avocats. L’accusé de réception du moment : c’est Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, impeccable dans le rôle du traître de comédie. Le bureau politique des LR avait, selon une information du Figaro, décidé dans un premier temps de l’exclure, l’intéressé ayant décidé d’y rester. À la différence notable de Bruno Le Maire qui, parfaitement cohérent, est allé au bout du processus en rejoignant La République en marche avec armes et bagages, c’est-à-dire ses 2,4 % à la primaire de la droite et du centre.

Et, finalement, Gérald Darmanin ne serait plus exclu, du moins pas tout de suite. En effet, l’ancien adorateur de Nicolas Sarkozy serait promis à une charrette collective dans laquelle on devrait y faire monter prochainement Thierry Solère, chef de file des Constructifs, et Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique.

Ce dernier, qui vient d’apprendre que le bureau politique des LR lui laissait huit jours pour s’expliquer, s’est fendu d’une lettre à Bernard Accoyer, secrétaire général du mouvement. Dans cette correspondance, il justifie longuement son ralliement à Emmanuel Macron et condamne ce qu’il appelle "la position ambiguë entre les deux tours de l’élection présidentielle" de certains dirigeants républicains. Visiblement peu désireux de monter tout seul dans le tombereau, M. Lecornu demande si ses petits copains Raffarin, Bertrand, Estrosi, Pécresse devront l’y rejoindre, étant donné leur désaccord avec la ligne politique des Républicains. Bonne question…

Et du côté du PS ? On est au bout de sa vie, comme on dit aujourd’hui. On est même au-delà de la phase où, le vieux lion mort, les chacals se disputent l’empire. Plus d’empire à se disputer et les héritiers lointains de Mitterrand, à qui on ne peut demander plus qu’au fils de Charlemagne, comme disait, philosophe, ce cher Maître Folace, en sont désormais à la phase terminale où l’on se bat pour les petites cuillères en inox.

Les générations de médiocres qui se sont succédé rue de Solférino à l’ombre tutélaire de leur Tonton légendaire en viennent presque aux mains. Toujours selon Le Figaro, le pot de départ de Jean-Christophe Cambadélis, lundi soir, a failli tourner vinaigre. Un proche de Benoît Hamon a en effet claqué la porte lorsqu’il a aperçu la délicieuse Juliette Méadel, ancien secrétaire d’État de Hollande qui avait appelé à voter Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle. "Présence inacceptable de @juliette meadel, soutien de Macron en Bureau national du PS ce soir, j’ai quitté la réunion !", a tweeté l’indigné Benjamin Lucas. On peut le comprendre.

Ne pourrait-on accorder le droit aux partis qui ont échoué à gouverner la France de mourir dans la dignité ?

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05 octobre 2017 à 1:02

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