Subrepticement, entre les deux tours, le gouvernement finissant a publié au Bulletin officiel de l’éducation nationale une circulaire autorisant le tirage au sort pour l’inscription en première année de certaines formations universitaires où le nombre de candidats est supérieur aux capacités d’accueil.

Un projet d’arrêté autorisant cette pratique déjà en vigueur avait été retiré de l’ordre du jour du Conseil supérieur de l’éducation nationale de janvier, l’ensemble des organisations représentatives, tant d’enseignants que de parents ou d’étudiants, ayant vigoureusement protesté contre une telle mesure. L’arrêté sorti par la porte rentre donc par la fenêtre sous la forme d’une circulaire. Une association étudiante, Promotion et défense des étudiants, n’a pas laissé passer cette mesure et a saisi le Conseil d’État.

Si la filière la plus touchée par l’afflux de demandes est celle des activités sportives (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), le droit et la psychologie seraient aussi concernés. Cette situation est due à deux raisons. D’une part, à l’augmentation du nombre de bacheliers, premier diplôme universitaire en théorie, et, d’autre part, à l’interdiction de la sélection à l’entrée de l’université.

Pour les syndicats étudiants, la solution serait de construire les infrastructures nécessaires pour accueillir tout le monde. Mais le budget pour ce faire serait considérable. Par ailleurs, il n’est pas certain qu’il soit dans l’intérêt du pays, ni même dans l’intérêt des étudiants, de former chaque année des milliers de psychologues ou de professionnels du sport dont la plupart pointeraient à Pôle emploi ou deviendraient finalement caissières de supermarché. Sans compter que tout le monde sait bien que la surpopulation dans les amphis ne dure que deux ou trois mois. Après ce temps, beaucoup se rendent compte qu’ils n’ont pas le niveau pour suivre des études supérieures. Ou qu’il faut travailler pour y réussir.

Il y a deux solutions rationnelles pour résoudre ce problème. La première serait de redonner une véritable valeur au baccalauréat. En cessant de considérer le baccalauréat professionnel comme un diplôme ouvrant le droit de s’inscrire à l’université et en arrêtant le laxisme dans l’attribution du baccalauréat général et technologique. Mais cela demanderait un courage politique qui n’existe plus en France. La deuxième serait de transformer le baccalauréat en diplôme de fin d’études secondaires, n’ouvrant pas automatiquement droit à la poursuite d’études supérieures. Comme cela se pratique dans la plupart des pays, l’accès à l’université serait conditionné par un examen d’entrée destiné à vérifier l’aptitude des futurs étudiants à poursuivre des études dans la filière demandée. Mais on voit mal pourquoi un régime dans lequel le copinage, le clientélisme et le népotisme sont les meilleurs moyens d’accéder à des fonctions politiques se soucierait de promouvoir le mérite dans la jeunesse française.

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08 mai 2017 à 17:08

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