Dans le Val-d’Oise et à Belfort, ce dimanche, les résultats des deux législatives partielles sont tombés comme des couperets de guillotine sur la nuque des ci-devant candidats En Marche ! Comme le rappelait Lino Ventura, citant Gabin, dans la belle émission qui lui était consacrée ce même dimanche soir : "C’est dur de monter, très dur. Mais le plus difficile, c’est vraiment de se maintenir, après..."

Alors, versatiles, les Français ?

Ou bien le Président n’a-t-il pas mesuré la rapidité avec laquelle, une fois l’excitation de la présidentielle passée, ils « jugent sur pièces » et se détournent, soit en s’abstenant (80 % d’abstention dimanche, quand même !), soit en votant pour les LR qui, à leur tour, ont un président tout neuf.

Peut-être les mots de Laurent Wauquiez trottaient-ils dans leur tête à l’approche du scrutin : "Emmanuel Macron est parisien, il ne connaît pas la province…"

Peut-être qu’ils y pensaient en recevant des PV avec 1 point de retrait de permis pour avoir roulé a 56 au lieu de 50 devant la boulangerie du village, ou en réalisant que chaque jour, bientôt, pour aller travailler, ils devront prendre la départementale à 80 à l’heure. Sûrement, aussi, réfléchissant au fait que la liberté donnée aux communes de fixer elles-mêmes leur prix de stationnement leur interdira les courses si distrayantes au cœur de la grande ville voisine.

Peut-être, pour les moins jeunes, que la modeste pension qu’ils venaient de percevoir, encore allégée par la hausse de la CSG, leur était restée en travers de la gorge.

Peut-être, enfin, qu’ils n’apprécient pas que les actions des riches cadres de start-up, des vedettes médiatiques ou des politiques payés entre 15.000 et 35.000 euros par mois, ce qui est leur salaire annuel, ne fassent plus partie du patrimoine taxé par l’ISF mais que la maison familiale qu’ils conservent à grands frais s’y trouve. Ni que, alors qu’ils payent trois taxes d’habitation pour les studios de leurs enfants étudiants en ville, ils n’en soient pas dégrevés car ils sont « juste au-dessus du plafond ».

Moi je dis que « not’Président » devrait lire plus souvent la presse régionale. On y apprend que, bientôt, à Roubaix, une piscine « pour femmes » sera construite. Que des « jeunes » y ont violé des poules - des volatiles, hein, mais quand même…

La presse étrangère, aussi : une dame découpée en morceaux par son amant réfugié érythréen en Italie, une jeune combattante kurde atrocement mutilée par les soldats turcs, une femme condamnée en Iran pour avoir enlevé son voile…

Alors, que son gouvernement réfléchisse à obliger les hommes à prendre un « congé paternité », à augmenter sans fin le prix du paquet de cigarettes, à bloquer les centres-villes avec des pistes cyclables en lieu et place de voies rapides, et qu’on retire trois points de permis (en plus de l’amende, bien sûr) à ceux qui ont hâte de savoir si leurs enfants sont bien rentrés de l’école et s’arrêtent sur le bord de la route pour téléphoner, ça lui apparaîtra, comme aux Français, décalé.

Mais en attendant cette éventuelle prise de conscience, attention, les gens, comme dirait Mélenchon. Si, fâchés, vous boudez les urnes, il pourrait bien y avoir des peines prévues pour ceux qui vont à la pêche les dimanches d’élection sans faire le détour par l’isoloir.

Il semblerait, en effet, que, pour commémorer le cinquantenaire de Mai 68, le gouvernement ait décidé qu’il est désormais interdit... de ne pas interdire.

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05 février 2018 à 20:12

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