Le premier lieutenant de Florian Philippot, Sophie Montel, n’y va pas avec le dos de la cuiller : pour elle, le FN se "rediabolise" en (re)parlant... d’immigration.

Elle a raison. Parler d’immigration « diabolise ». Partout en France et dans le monde.

LE FPÖ autrichien était un gentil parti libéral, il a commencé à compter sur l’échiquier politique lorsqu’il a abordé la question de l’immigration avec Haider, mais il s’est « diabolisé ».

L’UDC – l’Union démocratique du centre – suisse était un parti agrarien en léthargie. Il s’est mis à revivre quand Christoph Blocher a posé sur la place publique la question de l’immigration. Mais il s’est « diabolisé », tout comme Oskar Freysinger, lorsque cet enseignant anticonformiste, et coiffé d’un catogan, a organisé un référendum sur les minarets.

L’AfD – l’alternative pour l’Allemagne – n’inquiétait (et n’intéressait) pas grand monde lorsqu’il se focalisait sur la souveraineté monétaire (whaou !), il a franchi la barre des 10 % lorsqu’il s’est mis à combattre l’immigration sauvage. Mais il a été « diabolisé », voire accusé de « sympathies nazies », excusez du peu !

Trump a gagné la primaire des républicains parce qu’il s’est opposé à l’immigration sauvage et qu’il s’est adressé à l’électorat « petit Blanc », d’habitude si méprisé. Mais il a été « diabolisé ».

Et il y a près de cinquante ans qu’Enoch Powell a prononcé, en avril 1968, son célèbre discours de Birmingham dénonçant les dangers de l’immigration musulmane en Grande-Bretagne : ce fut l’honneur de cet helléniste brillant, héros de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut aussi le début de sa « diabolisation » qui lui barra la route du 10 Downing Street.

Le FN lui-même était un petit parti sans grand intérêt jusqu’à ce que Jean-Pierre Stirbois et Jean-Marie Le Pen posent la question de l’immigration lors des élections municipales de 1983. Le début d’un succès électoral et d’une campagne de « diabolisation », nourrie à l’époque par l’européiste et immigrationniste Simone Veil, que Philippot veut aujourd’hui « panthéoniser ».

La « diabolisation » est un mécanisme simple : les médias et les juges ne « diabolisent » pas ce qui est dit, ils visent à interdire que certains sujets soient abordés. La « diabolisation » vise à protéger l’idéologie du « vivre ensemble » et le « sans-frontiérisme » des atteintes du réel.

Il n’y a pas besoin de sortir de Polytechnique pour le comprendre (ce n’est d’ailleurs pas le cas de Sophie Montel) : pour ne pas être « diabolisé », c’est simple, simple comme la soumission. Il ne faut pas aborder les sujets qui fâchent : il faut nier le Grand Remplacement de population ("un fantasme complotiste d’extrême droite"), éviter de parler d’immigration, ne pas voir l’islamisation galopante, prétendre contre tout bon sens que "l’islam est compatible avec la République".

Le FN peut choisir de faire cela, de commémorer les succès de Teddy Riner et de tweeter sur la journée du chien, du chat et du poisson rouge. Mais il risque de manquer doublement : au rendez-vous de l’Histoire et au rendez-vous des… électeurs.

La « dédiabolisation » est, pour le FN, une chimère. Le retour au néant en est le préalable. Sophie Montel et Florian Philippot sont là pour en ouvrir la voie. Au son de trompe des médias et de BFM Macron.

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06 septembre 2017 à 20:02

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