Deuxième tour : pas de gynécos ou pas d’IVG, vous avez le choix…

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Consultation des programmes. Pleine d’un enthousiasme débordant, aller voter je vais. Par défaut et à reculons. En tant que féministe, en tant que citoyenne. On a les politiciens et les discours politiques que l’on mérite.

Emmanuel Macron est la caricature de cette génération de cadres intelligents, de bonne volonté, efficaces dans leurs domaines techniques, mais superficiels par ambition : trop pressés pour penser réellement aux problèmes des autres, aux problèmes de tous.

Marine Le Pen n’a sans doute trouvé, comme moyen d’éviter les propos par trop violents autour d’elle, que de tomber elle aussi dans ce distinguo « islam - islamisme ». Quand je lis les commentaires suivants mes articles sur la notion de racisme, je finis par la comprendre.

Le programme d’Emmanuel Macron commence très fort en matière de droit des femmes. "Name and Shame : nous publierons les noms des entreprises ne respectant pas l’égalité salariale. ». Bon esprit que voilà.

Puis on peut lire : « Nous appliquerons strictement le principe de laïcité » ; « Nous n’étendrons pas l’interdiction du voile à l’université » ; « Nous ferons de la lutte contre la discrimination une priorité nationale ». En même temps, n’est-ce pas…

Dans le domaine de la santé, il prévoit « la lutte contre les déserts médicaux » et le doublement des maisons de santé. Plus bref et contradictoire en matière de droits des femmes, il est difficile de l’être. Faire des droits des femmes le ressort d’un esprit répressif et délateur : quel cadeau aux antiféministes…

Le programme de Marine Le Pen est, pour les droits des femmes, de lutter contre l’islamisme, contre la précarité et pour l’égalité salariale.

Elle prévoit aussi de maintenir l’interdiction de la GPA et de réserver l’utilisation de la PMA uniquement en cas de stérilité, de remplacer, sans effet rétroactif, le mariage pour tous par un PACS amélioré et de « lancer un audit complet sur les structures d’accueil des enfants ».

Dans le domaine de la santé : de relever le numerus clausus d’accès aux études médicales, d’installer des internes ou des médecins retraités dans les déserts médicaux, d’augmenter les effectifs des hôpitaux publics, assurer le risque dépendance.
Marine Le Pen a grand mal à contenir ses partisans anti-IVG, elle-même a utilisé l’expression d’avortement de confort. Mais son programme ne suggère rien pour réduire ce droit. En revanche, elle propose des mesures importantes pour la santé des femmes : contre le numerus clausus, pour plus d’effectifs à l’hôpital. Le manque grandissant de gynécologues est gravissime, et si « entrave aux droits à la contraception et à l’IVG » dans de bonnes conditions médicales il y a, ce manque de spécialistes en sera la principale cause dans les années à venir.

Manifestement, Emmanuel Macron n’a pas grand-chose à faire de l’égalité d’accès aux soins, ni de la protection des femmes contre la GPA. La tendance actuelle au nom de la « modernisation » est à remplacer obstétriciens par sages-femmes, infirmières par autres soignants, hôpitaux par maisons de naissance. Il est primordial de faire l’inverse, donc de relever le numerus clausus.

Aucun des deux ne propose de mesure adaptée à la « féminisation » du corps médical : dommage. Si l’État n’organise pas la permanence des soins en tenant compte des impératifs des médecins mères (et pères) de jeunes enfants, les femmes renoncent à des spécialités ou à des formes d’exercice.

Donc, entre pas d’IVG (peut-être) d’un côté et, de l’autre, pas de gynécos et plus de GPA au nom de la « modernisation » (peut-être), vous avez le choix…

Simplifions : discrimination positive oblige, élisons une femme ?

Elise Elisseievna
Elise Elisseievna
Auteur, militante féministe - Ex-membre du CNDF (Collectif national pour les droits des femmes), du CERF (Cercle d’Etudes de réformes féministes)

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