Des vacances pour servir : mission Irak, un engagement marquant auprès des Chrétiens d’Orient

Image SOS Irak

Après avoir passé quelques semaines en Irak, il était important pour moi de témoigner de ce que j'avais vu et entendu. Voici donc quelques retours d’Irak.

Aujourd’hui, SOS Chrétiens d’Orient est particulièrement présent dans le nord du pays. À Erbil, nous visitons des familles de déplacés irakiennes, qui ont dû fuir dans la nuit du 6 au 7 août 2014, au moment de l’invasion de Mossoul et de la plaine de Ninive par Daech. Depuis peu, nous rencontrons également des familles de Syriens qui profitent de l’ouverture d’une liaison Damas–Erbil pour fuir la guerre. Ils sont dans l’attente de leur visa pour l’Australie. À leurs yeux, il n’y a plus de futur pour eux dans cette région.

Nous assumons alors deux rôles.

D’abord, nous leur apportons une aide matérielle en cas de besoin. Cela varie, par exemple, entre un sac de nourriture et un climatiseur. J’ai été nommé responsable de ces donations, et je me rends compte de ce que ce rôle, en plus d’être exigeant, est surtout très beau. Il s’agit alors, pour moi, de discerner les besoins des familles afin de décider ce dont elles ont besoin.

Notre second rôle est de construire des ponts entre les chrétiens orientaux et occidentaux. Nous écoutons alors leurs histoires afin de les restituer le plus fidèlement possible en France, mais aussi de leur témoigner du soutien des familles qui prient, donnent pour eux et s’investissent pour les aider. Par conséquent, malgré l’horreur de la situation, nous essayons de leur rappeler en filigrane qu’ils ne sont pas seuls et que, même si la situation leur semble désespérée, la foi est présente et nous croyons que Dieu leur viendra en aide.

Nous agissons également sur d’autres terrains. Par exemple, nous avons ouvert une école pour les enfants syriens et sommes en train de bâtir un projet de formations professionnelles pour les chrétiens irakiens sans emploi. De plus, nous agissons, dans les villages de l’ouest et du nord du pays, afin d’aider les chrétiens à se réinstaller et à rester sur place.

Dans cette mission, nous avons la chance d’avoir des traducteurs extraordinaires sans qui nous ne pourrions agir. Ce sont, pour la plupart, des jeunes de Mossoul, étudiants en médecine, forcés de fuir la ville. Au fil de nos entretiens avec eux se développent des échanges d’une rare qualité. Ils nous permettent alors de comprendre au mieux la situation du pays. Nous mesurons la chance immense de pouvoir développer des relations privilégiées avec de jeunes chrétiens irakiens.

Cette expérience d’une grande intensité a, me semble-t-il, un sens profond. Il s’agit d’une mission qui nous dépasse. En effet, nos actions peuvent paraître parfois dérisoires face aux besoins rencontrés. Malgré tout, je crois que nous recevons plus que nous ne donnons. En effet, même dans les moments difficiles, la mission nous fait grandir, grâce aux multiples situations auxquelles nous devons faire face. Parfois, le contexte de pauvreté pousse certains à chercher leur avantage au détriment de l’action de SOS. Il est vrai qu’il serait tentant de baisser les bras quand nous réalisons que l’école que nous avions bâtie n’a pas été entretenue et a triste mine. Mais c’est ainsi que nous nous trouvons face au réel.

Nous prenons, alors, conscience de notre petitesse et du fait que nous travaillons avec des hommes et des femmes qui, comme nous, ont leurs limites. C’est à ce moment précis, où le réel s’impose parfois à nous avec toute sa brutalité, qu’il faut décider de relever les manches et de poursuivre ses efforts au profit de ce en quoi nous croyons. C’est un travail de longue haleine, qui se fait étape par étape en s’enracinant dans le réel et dans la foi. Finalement, il me semble que c’est là qu’est toute la beauté de cette mission de SOS Chrétiens d’Orient.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:34.

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