Des écolos parisiens réclament des créneaux féminins dans les piscines et les gymnases

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Alors qu'on prône, dans tous les domaines, l'égalité de l'homme et de la femme ou la parité dans les instances politiques, entrepreneuriales ou associatives, la non-mixité a des adeptes inattendus. C'est ainsi qu'au Conseil de la ville de Paris, des élus du groupe écologiste ont réclamé des créneaux réservés aux femmes dans les installations sportives comme les piscines ou les gymnases. L'objectif ? Lutter contre les inégalités de genre et "permettre aux femmes qui en auraient besoin de reprendre confiance". Étrange argumentation pour des prétendus féministes. Essayons de suivre les pérégrinations de leur esprit.

La raison principale n'est pas que des femmes se plaindraient d'être victimes de gestes ou de propos sexistes, ce qui pourrait se comprendre – encore qu'il vaudrait mieux éduquer les machos et les malotrus –, mais que "la pratique sportive des femmes est encore aujourd'hui conditionnée à [leur] place dans la société et notamment au sein du foyer". C'est donc au nom de l'égalité d'accès au sport qu'ils réclament cette discrimination. D'aucuns estimeront, non sans raison, que justifier l'égalité par la discrimination est quelque peu contradictoire, mais on en trouvera pour répondre que, tout comme la discrimination positive pour les études supérieures, la non-mixité dans le sport est une façon de parvenir à plus d'égalité.

Leur argumentaire ne fait pas allusion à la demande récurrente de femmes musulmanes de disposer de créneaux de piscine pour elles seules, à l'abri du regard des hommes. Ni aux jeunes filles qui se font dispenser, plus que de coutume, de séances de natation pour ne pas évoluer avec des garçons. Pas étonnant ! Il leur serait difficile d'expliquer ces comportements par des raisons féministes, à moins de se lancer dans une dialectique sans queue ni tête.

On peut soutenir par dérision, comme le fit Mediapart, que la séparation entre garçons et filles est fréquente dans notre société : à part les tout-petits, ils sont le plus souvent séparés dans les équipes sportives ; on distingue les toilettes « hommes » et « femmes » ; dans les colonies de vacances, les garçons dorment d'un côté, les filles de l'autre. On pourrait multiplier les exemples, comme une compagnie de taxis qui n'a que des chauffeurs féminins ou ces bars réservés aux femmes...

Pourquoi, diable, dans ces conditions, voir l'influence de l'islam dans ces revendications de non-mixité, ou des manifestations de communautarisme dans le port du voile ? Quelque facho, sans doute.

Avec de tels raisonnements, on peut justifier tout et son contraire. Comme les dérives identitaires et le racisme à rebours. Souvenez-vous de la polémique soulevée, l'an dernier, par le festival Nyansapo, qui se définissait comme « afro-féministe » et était, en partie, réservé aux femmes noires. La LICRA, SOS Racisme et même Anne Hidalgo ne purent que réagir contre cette ségrégation. Mais d'autres expliquèrent que l'exclusion des « groupes dominants » – cela va des hétérosexuels aux hommes et aux personnes de couleur blanche – permet aux « opprimés » de s'émanciper. Et que dire de mouvements comme le Parti des indigènes de la République ?

Il y a, sans doute, des cas où la mixité est recommandable, d'autres où la non-mixité est préférable. C'est une question de bon sens et d'intention. On pourrait, ainsi, réfléchir à l'intérêt de la non-mixité à l'école. Mais lorsque les arrière-pensées politiciennes ou l'idéologie s'en mêlent, non seulement on tombe dans des contradictions intellectuelles, mais on fait le lit de ceux qui n'aspirent qu'à vivre en dehors de la loi pour imposer la leur. On participe à l'éclatement de la France et de sa culture.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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