Mon député LREM est « fier du travail accompli » ! Et vous, fiers de lui ? Regardez !

Boulevard Voltaire a eu l'heureuse idée de lancer pour l'été une série « Douce France ». On pourrait aussi imaginer - et cela nous tiendrait une année entière -, le portrait quotidien d'un député LREM, puisqu'ils sont au nombre de 351, je crois. Certains ont déjà beaucoup fait parler d'eux : le mathématicien, l'inexpérimentée, et jusqu'à leur chef, M. Ferrand, pour les raisons que vous savez.

Aujourd'hui, vacances obligent dans mon beau Sud-Ouest, je vous parlerai du député du coin, un inconnu, que vous n'avez pas vu et qui n'a pas fait parler de lui durant la dernière session. Il s'appelle Olivier Damaisin, il est député de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, entrée dans l'Histoire à cause des heurs et malheurs de M. Cahuzac. Et, comme tout député qui n'a guère brillé dans l'Hémicycle, il vient raconter à la presse locale l'importance de son action, histoire d'exister.

Et que dit-il au journal Sud-Ouest, notre député du jour ? S'inquiète-t-il de la chute de popularité historique de son Président ? Des mauvaises manières faites au général de Villiers ? Du déficit budgétaire plus important que prévu ? Après tout, il est membre de la commission des finances. Que nenni !

En bon petit soldat de la majorité, il po-si-ti-ve ! Il essaie de nous prolonger, pour l'été, l'atmosphère planante de la campagne En Marche ! Vous savez quoi ? Entre députés, il existe « une vraie fraternité ». Quel scoop ! C'est beau, ce petit clin d’œil appuyé aux frères de la circonscription et de l'Assemblée ! Car dans notre Sud-Ouest radical et franc-maçon, c'est un passage obligé. En cela, M. Damaisin est bien l'héritier de M. Cahuzac. Et puis, bien sûr, Olivier Damaisin est "fier du travail accompli".

Sa fraternité, d'ailleurs, elle va jusqu'aux députés de La France insoumise. Normal, me direz-vous : M. Mélenchon n'est-il pas un honorable frère, lui aussi ? En fait, entre gens de gauche, on se comprend :

Les Insoumis, ils font le job, il faut le dire. Alexis Corbière et Jean-Luc Mélenchon travaillent. Lui, c’est le seul leader de l’opposition qui tient son rang.

M. Damaisin, on dirait qu'il est à l'Assemblée pour distribuer les bons points, comme une maîtresse dans sa classe. Mais pas seulement : il joue aussi le rôle du cafteur : il dénonce, il coche les absents !

La présence de Marine Le Pen se compte en minutes… Cela vaut pour les élus du Front national en général d’ailleurs. […] Et je ne me gêne pas pour le dire.

Euh, Monsieur le surveillant général, pourriez-vous nous donner le relevé de présence de Mme Ménard ? Mais, visiblement, la fraternité de M. Damaisin n'est pas sans frontières. Et le relevé d'absence de M. Ferrand pendant ces débats sur le "rétablissement de la confiance dans la vie publique", tiens, ce serait intéressant aussi...

Une dernière confidence de notre député ? Lui, contrairement à M. Mélenchon, n'est pas du tout fatigué avant de partir en vacances. En fait, on s'en doutait un peu !

Pour faire plus ample connaissance avec M. Damaisin et connaître son "travail passionnant", sachez qu'il occupe le fauteuil n° 523 et qu'il a posté une longue vidéo de cinq minutes extraite du débat du 27 juillet sur sa fiche de l'Assemblée où il apparaît, spectateur muet, à la minute 2'38"15... Soyez vigilant, car c'est bref.

Une chose est sûre : ce député-là ne sera pas un parlementaire mémorable. Et encore moins un frondeur.