Débat : beaucoup de bruit pour rien

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Selon les observateurs, le débat organisé ce mardi soir par BFM TV et CNews entre les onze candidats à la présidentielle pouvait avoir deux écueils majeurs. D'une part, tourner à la cacophonie et, de ce fait, effrayer les électeurs plus que les inciter à aller voter. Elle fut, notamment sur la fin, évitée de justesse. Et, d'autre part, compte tenu de la diversité des stratégies propres à chaque prétendant, desservir les "candidats favoris".

Au préalable, il convient de souligner que, à l'instar de ce qui s'était passé lors du premier débat à cinq, cette dispute, d'un nouveau genre dans le paysage électoral français, n'a donné que peu de temps aux différents candidats pour expliciter leur programme et leur vision de l'avenir. En effet, les quelque 17 minutes dont ils ont pu disposer ne leur ont permis que de surfer sur de nombreux sujets, de manière souvent confuse.

En vérité, la présence des "petits candidats" constituait le seul espoir de voir le débat s'élargir. Il n'en fut rien. Ainsi, pour l'essentiel des sujets abordés (Europe, économie, terrorisme, travail, institutions...), chacun des candidats est resté dans son couloir. Les "grands candidats" ont repris les propositions qu'ils avaient développées à l'occasion du premier débat télévisé, sans qu'aucun d'eux ne parvienne à prendre le pas sur les autres. Quant à ceux que l'on qualifie de "petits", ils eurent les pires difficultés à présenter un ensemble programmatique à peu près cohérent.

Asselineau est resté sur son projet de "Frexit" et de sortie de l'euro, sans véritablement développer d'autres thèmes, puisque les rapportant tous à son obsession européenne. Jean Lassalle, notre sympathique berger de la vallée d'Ossau, nous a fait la démonstration de ce que sa présence dans la course présidentielle n'était destinée qu'à témoigner du mal-être de nombreux Français. Jacques Cheminade, à part quelques envolées lyriques, et l'annonce d'une prochaine catastrophe financière, n'a pas véritablement marqué les esprits par la pertinence de son programme. Nathalie Arthaud, pour sa part, nous a rejoué le vieux refrain de la lutte des classes, désignant les patrons comme la cause de tous les maux actuels. Nicolas Dupont-Aignan, après une entame de débat plutôt pugnace et réussie, s'est peu à peu mis en retrait. C'est pourtant sans doute lui qui, parmi ces "petits candidats" - expression qu'il abhorre -, avait le plus de propositions concrètes à faire entendre. Quant à Philippe Poutou, sa tenue, son vocabulaire, son agressivité déplacée et l'ineptie de ses propositions nous ont rappelé que certaines personnes sont manifestement plus à leur place au sein d'une ZAD à en découdre avec les CRS qu'au milieu d'un parterre de prétendants à la présidence de la République.

En résumé, ce débat fut profondément ennuyeux et souvent confus. Rien de véritablement innovant n'est sorti des échanges entre les onze prétendants à l’Élysée.

Alors, bien sûr, quelques prises à partie entre les uns et les autres, en particulier lorsqu'il fut question de la moralisation de la vie politique et des affaires en cours, sont venues animer un débat qui traînait en longueur. Triste consolation !

À l'issue de cette émission politique, il sera donc sans doute très difficile, pour les électeurs qui avaient encore quelques hésitations quant au choix à faire les 28 avril et 7 mai prochains, de se déterminer. Quant à ceux qui ont déjà fait le leur, il y a fort à parier qu'ils n'auront pas été ébranlés dans leurs convictions. Ce nouveau débat pour rien n'a donc que confirmé le doute politique qui plane sur ces présidentielles depuis le début de cette campagne.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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