Sur Boulevard Voltaire, comme du reste en d'autre lieux du Net, une certaine vogue apparaît : celle qui consiste à assumer la défense du chanteur Bertrand Cantat, ex-égérie de la gauche morale - forcément morale.

Alors qu'il est de bon ton de clouer un Ramadan au pilori avant qu'il ne soit jugé, l'on s'insurge ici et là contre la clique d'âmes trop sensibles que l'ancien rocker indispose par son (noir) désir de retrouver les planches.

À ceux qui trouvent la société vindicative à l'égard de Cantat, nous devons faire le rappel que l'homme s'est déshonoré pour avoir porté des coups mortels à plus faible que lui. Un acte d'une telle abjection, dont la lâcheté le dispute à la violence, pourrait à tout le moins ôter à ce troubadour des cœurs la volonté de retrouver la scène pour s'y faire applaudir. La retraite comme quête de dignité, la distance comme baume sur des plaies vitales... Mais ce sont là pensées d'un autre temps. Impensable pour Cantat, tant l'homme est engoncé dans sa morgue frénétique à paraître pour être.

Cantat est un pur prototype de la gauche arrogante, celle qui, du soir au matin et du matin au soir, nous tartine notre pain de repentance depuis des décennies, sous l'avatar cette fois du meurtrier accusateur.

Les conservateurs ont généralement davantage de pensées pour les victimes que pour leurs bourreaux. À ce titre, ils sont raillés par l'élite du bien et du beau, par les idéologues de l'homme bon - forcément bon. La peine de l'immense acteur Jean-Louis Trintignant et de son épouse ne vient-elle pas heurter ceux qui se lancent dans d'obscures plaidoiries envers un criminel ? N'ont-ils pas de plus nobles joutes à mener ? Se transporter au chevet d'un forcené qui, sous l'empire des drogues, armé de sa bonne conscience et de ses poings, a ôté la vie à une femme suite à de vagues querelles est d'un curieux transport.

Un sentimentalisme conservateur est sans doute le motif de telles prises de position en faveur du chanteur à la dérive. S'opposer sans plus discerner, voilà le piège. Piège qui mène à d'autres dérives, si répandues dans la gauche bourgeoise par un délétère conformisme de pensée qui se vit comme original, moderne, novateur.

Si, après sa sortie de prison, Cantat avait postulé au noviciat chez les chartreux, l'on aurait mieux compris qu'il puisse attirer l'attention de ceux que l'observation de l'humain mène à la circonspection. Pour l'heure, il n'est qu'un pathétique donneur de leçons avide de scène, un bien-pensant mal-agissant, issu de la pléthorique armada du show-biz.

Pensons à une autre scène que celle des festivals, imaginons celle du crime et des douleurs induites, à tout jamais. Pas de cantate, une oraison, exit Cantat, par la raison.

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18 mars 2018 à 22:29

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