Croissance : la France est toujours parmi les mauvais élèves

Les thuriféraires de M. Macron exultent (bien à tort !) car notre PIB a crû, en 2017, de 1,9 %. Un record depuis 2011. Cette petite amélioration, qui n’est sans doute pas due à notre nouveau Président, va combler - très légèrement - notre déficit abyssal et fera baisser de 0,2 % le poids de la dette, qui culmine toujours à 97,9 % (une horreur !). Enfin, le chômage devrait refluer à 9,4 %. Il ne faut donc pas cracher sur ce surplus de croissance, car on n'attendait que 1,7 % en début d’année et les surprises dans ce sens sont toujours rares. Mais ne nous leurrons pas : nos résultats économiques sont tout bonnement pitoyables et nous restons l’un des hommes malades de l’Europe, avec l’Italie qui est plus gravement atteinte que nous.

En effet, la zone euro a fait 2,4 % (25 % de plus que nous, c’est énorme !), l’Allemagne a atteint 2,6 % et l’Espagne, malgré la crise catalane, réalise 3,1 %. Il est vrai que ce pays a été plus gravement impacté que nous par la crise de 2008. L’euphorie économique est générale dans le monde... en attendant le prochain krach !

Selon l’INSEE, notre économie est incapable de dépasser 2 %. Fait aggravant et révélateur de notre faiblesse, notre population a crû de 0,4 % en 2017 (un record en Europe), ce qui a entraîné mécaniquement un surplus de croissance. Or, la plupart des pays de l’Union européenne ont vu le nombre de leurs habitants stagner ou diminuer (comme en Allemagne, où la vague migratoire est terminée), et pourtant ils font mieux que nous. Seule une reprise vigoureuse de notre expansion au-dessus de 2,5 % pendant cinq ans nous permettrait de surmonter la crise de la dette. Sinon, nous serons emportés par le prochain krach, qui arrivera nécessairement avant dix ans. Nous serons alors contraints soit de faire faillite (au détriment des petits porteurs, car on protégera les banques), soit plutôt de confisquer une partie des biens des Français.

M. Macron est perçu par ses partisans comme Zorro. Cependant, sa politique est dans la continuité de celle de M. Hollande. Le nombre de fonctionnaires ne diminuera pas en 2018 alors qu’un effort était sans doute nécessaire (surtout chez les agents territoriaux). Le déficit baissera fort peu. Les prélèvements obligatoires augmenteront encore de 4,5 milliards d’euros. Par exemple, dès janvier, les particuliers verront le prix du gaz augmenter de 6,9 % uniquement à cause de la fiscalité prétendument écologique qui va rogner tous les autres gains (baisse des charges, exonération de la taxe foncière).

La loi Travail de M. Macron ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de M. Hollande. Le seul point qui différencie les deux lois est la limitation des indemnités de licenciement qui sera contournée par les juges. M. Macron prétend qu’il va s’attaquer aux régimes spéciaux. Parions qu’il fera, comme ses prédécesseurs, une fausse réforme qui sauvera à peine les apparences.

En fait, le nouveau pouvoir ne s’attaque qu’à la marge aux freins et aux pesanteurs qui entravent notre économie. Aussi, nous sommes toujours à la traîne et le seront encore probablement en 2022.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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