Selon un récent sondage, la cote de popularité d'Emmanuel Macron est en hausse. Après avoir gagné cinq points en janvier, il en gagne six autres en février, ce qui porte à 34 % le total des Français satisfaits. Il est trop tôt pour conclure que ce regain de popularité sera pérenne : 34 %, ce n'est qu'un Français sur trois. Quelles peuvent être les raisons de cet apparent rebond ?

Il faut d'abord noter, si l'on entre dans le détail, que "74 % des sondés considèrent toujours que le Président est éloigné de leurs préoccupations" et que "67 % désapprouvent sa politique économique". S'il récupère des opinions favorables qu'il avait perdues, notamment après l'affaire Benalla, il n'en gagne pas de nouvelles. Bref, il retrouve peu à peu sa base électorale, qui est étroite, mais n'entraîne pas – loin de là ! – l'adhésion d'une majorité de la population.

Cette embellie semble s'expliquer par des raisons circonstancielles. D'abord, le besoin d'ordre, suscité par la médiatisation de la « violence » des gilets jaunes, dramatisée par le gouvernement qui ne semble pas avoir contrecarré efficacement l'action des casseurs, issus de groupuscules d'extrême gauche, parfois d'extrême droite, ou des banlieues et connus des services de police.

Ensuite, la stratégie de communication de Macron et ses performances physiques et intellectuelles influent sur l'opinion des Français. Notre Président fait croire que du grand débat sortiront des idées nouvelles, qui seront soumises au vote du Parlement ou à l'approbation du peuple. Mais qui peut croire, s'il garde en mémoire ses déclarations précédentes, que les réformes envisagées infléchiront le cap et ne se borneront pas à prendre en compte les suggestions qui vont dans le sens de ses projets, sur le plan institutionnel notamment ?

Les Français continuent, en effet, de rejeter la politique du gouvernement. Mais les oppositions sont dispersées. Le mouvement des gilets jaunes, à ses débuts, a su transcender les différences, effaçant les clivages. Les tentatives de récupération, encouragées par ceux qui croient y trouver leur intérêt, ont réduit cette unanimité. Il reste que la majorité des Français désapprouvent les orientations de Macron, soit dans le domaine économique et social, soit dans le domaine sociétal, soit dans le domaine international, soit dans plusieurs domaines à la fois, car tout est lié.

Ce qu'on peut lui reprocher le plus, c'est de jouer avec les principes de la démocratie. Non seulement, parce que l'Assemblée nationale n'est pas représentative, mais parce qu'il abuse de procédés qui la déconsidèrent en privilégiant les apparences et en cherchant à faire prendre des vessies pour des lanternes. Il est dans la lignée des sophistes que dénonçait Platon, dont l'objectif premier est de tromper le peuple. Force est de constater qu'il continue de mener une politique en faveur des « premiers de cordée », qui ne tirent pas tous leur réussite de leur mérite, et que la majorité du peuple français – notamment les classes moyennes – est rançonnée au profit de cette minorité.

Il bénéficie, aussi, de la complicité des partis de gauche et de droite, qui s'opposent mollement à son action car ils sont, au fond, d'accord sur sa politique économique ou européenne et regrettent seulement de n'être plus au pouvoir. Le vrai sondage de popularité d'Emmanuel Macron devrait avoir lieu au moment des élections européennes. On peut s'attendre à ce qu'il fasse tout pour en minimiser les résultats, y compris en y adjoignant un référendum.

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06 février 2019 à 17:17

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