Quant à la France, elle doit faire entendre sa voix, tant pour se porter dans l'affaire coréenne aux côtés des États-Unis que pour exiger de la Chine qu'elle aille plus loin dans son lâchage de la Corée du Nord, quitte à mettre des restrictions à son commerce vers l'Europe (n'oublions pas le dumping, les droits de l'homme, le Tibet, le Sin-kiang).

Malheureusement, soucieux du business franco-chinois, ce n'est pas le cas. Les communiqués de l'Élysée ne s'adressent pas à la Chine, complice actif et cauteleux de la situation actuelle. Certes, Emmanuel Macron s'est entretenu, samedi 12 août par téléphone, avec M. Trump, poursuivant, selon l’Élysée, "l’objectif d’amener la Corée du Nord à se conformer à ses obligations internationales". Il a également appelé "à la responsabilité de tous et à prévenir toute escalade des tensions" dans la péninsule coréenne, et fait part "de sa préoccupation devant l'aggravation de la menace balistique et nucléaire en provenance de Corée du Nord qui porte atteinte à la préservation de la paix et de la sécurité internationales". "Le régime nord-coréen est aujourd'hui engagé dans une escalade dangereuse, qui fait peser une menace sérieuse sur la sécurité de ses voisins, ainsi que sur la pérennité du régime international de non-prolifération." "Face à cette menace, la communauté internationale doit agir de façon concertée, ferme et efficace, comme elle vient de le faire au Conseil de sécurité, afin d'amener la Corée du Nord à reprendre sans condition la voie du dialogue", selon la présidence française. "Avec les autres membres du Conseil de sécurité", la France demande à la Corée du Nord "de se conformer sans délai à ses obligations internationales et de procéder au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de ses programmes nucléaires et balistiques". Emmanuel Macron assure, par ailleurs, "les alliés et partenaires de la France dans la région de sa solidarité dans la période actuelle". On ne peut qu'approuver. Mais quid si la Corée continue sur son sentier de la guerre ?

Car non seulement la paix et les droits de l'homme sont une fin suffisante en soi, mais encore la France a des intérêts de puissance dans le Pacifique, soit directement (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, zones économiques océaniques), soit moins directement pour sa diplomatie traditionnelle (Vietnam, Vanuatu, Inde, Japon) ; sans oublier ses intérêts historiques dans l’océan Indien.

La seule solution possible, à terme, sera, conformément aux droits des peuples, la réunification démocratique de la nation coréenne, comme l'Allemagne fut réunifiée dans les années 1990. Faudra-t-il, pour cela, que la Chine connaisse une crise de régime analogue à celle que vécut l'URSS, puis la fin de son communisme à visage capitaliste ? D'ici 2020, peut-être, quand la troisième génération de l'après-Longue Marche aura passé la main ?

En attendant, la tension sera très grave. Espérons que la suprématie militaire américaine lui permettra d'abattre en toute sécurité les fusées qui menaceraient Guam ou l'allié de Séoul. Or, reconnaissons-le hélas, ce point est désormais moins certain : George W. Bush a restreint pour longtemps la crédibilité américaine en matière "d'armes de destruction massive"...

NDLR : Première partie à lire ici

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15 août 2017 à 10:50

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