La Corée du Nord, le Pacifique, la France – Première partie

La France a encore des intérêts à défendre dans cette partie du monde (océan Pacifique), menacée tant par l’expansionnisme chinois que par cette grenade folle et dégoupillée (la Corée du Nord), que la Chine préserve précieusement comme un sinistre joker.

La Chine se sert de Pyongyang de diverses façons. D'abord, c'est un État tampon qui empêche qu'elle ait une frontière commune directe (ce serait la seule) avec un État libéral et proche des États-Unis. Ensuite, elle joue de l'effet menaçant d'un allié communiste agressif, qui terrorise le voisinage : Corée du Sud, immédiatement à portée nucléaire ; Japon, guère plus loin, et haï par tous les Coréens.

Il y a à peine plus de dix ans, on n'avait de la Corée du Nord que des informations sur de terribles famines ou des rumeurs sur des massacres monstrueux de membres et proches de la dynastie Kim, sans qu'on puisse en avoir de confirmations ultérieures précises.

Outre la question des droits de l'homme, deux graves sujets de préoccupations géostratégiques tourmentaient les démocraties donnant sur le Pacifique (la France en fait partie) : celui de la prolifération nucléaire et celui des fusées intercontinentales (ou à longue portée). Les relations bilatérales avec les États-Unis semblaient être en voie de normalisation après l'accord signé à Pékin en 2007 sur la fermeture de la centrale nucléaire nord-coréenne (Yongbyon), où se réalisait l'enrichissement de l'uranium, et donc une filière de production d'armes atomiques. Mais, dès 2008, celui qui deviendra l'actuel chef de la Corée faisait réactiver les installations de cette centrale et procéder à des tirs atomiques. Puis, depuis 2016, à des lancements de fusées présentées comme étant intercontinentales, en même temps que ce nouveau Kim (petit fils de Kim Il-sung) déversait les flots d'une incroyable logorrhée belliqueuse et directement menaçante. Kim Jong-un installa un pouvoir totalitaire par des moyens féroces entre fin 2010 et fin 2011.

Entre-temps, le smart et indolent Obama avait baissé sa garde et même retiré Pyongyang de la liste des pouvoirs dangereux...

Or, on a laissé ce régime, enivré de sa propre folie, devenir extrêmement dangereux. Il a réussi à constituer un stock d'armes dangereuses et gesticule avec elles. Même la Chine vote désormais, au Conseil de sécurité de l'ONU, des résolutions et des sanctions qui lui sont défavorables (vote du 8 août dernier). Le parallèle avec la montée de la menace nazie dans les années 30 et la lâcheté des Européens d'alors saute aux yeux.

On peut penser ce qu'on veut de Donald Trump, mais il a - et son entourage de proches et expérimentés conseillers avec lui - pris en six mois la mesure du très grave péril que Kim fait courir dans la zone Pacifique. Ce que Barack Obama avait été incapable de faire en huit ans... Cette apathie a incité beaucoup trop de pays de la zone à se rapprocher de la Chine : la crainte de ce nouveau géant et de son associé dément a pesé plus que l'image que l'on avait du géant américain, perçu désormais comme passif. D'où les annonces de Donald Trump en vue de se désengager un peu de l'Europe et s'investir plus sur le Pacifique, ligne géostratégique que le Congrès vient de réduire en durcissant sa position vis-à-vis de la Russie.

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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