"Nous avons moralement le droit de dire NON à l’accueil d’immigrants auxquels nous n’avons pas demandé de venir en Europe", a lancé le chef du parti conservateur polonais Droit et Justice (PiS/Prawo i Sprawiedliwość), samedi, au congrès de son parti, où il a aussi refusé le chantage aux fonds européens qui voudrait que les pays bénéficiaires nets du budget européen n’auraient que le droit de se taire.

"Le multiculturalisme a échoué en Europe", réaffirmait quelques jours plus tôt, au cours d’un meeting politique, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Sous la direction du PiS et du Fidesz, la Pologne et la Hongrie sont devenues les deux leaders de la fronde de l’Europe centrale et orientale contre les politiques immigrationnistes faussement humanitaires mises en œuvre à l’ouest du continent.

La Commission européenne voudrait sanctionner ces deux pays pour leur refus de la relocalisation des immigrants et pour de supposées atteintes à l’État de droit, mais ainsi qu’en est convenu Jean-Claude Juncker au cours d’une réunion avec les Conservateurs et réformistes européens (CRE), groupe politique au Parlement européen dont font partie le PiS polonais et les Tories britanniques, les deux tiers des États membres de l’Union européenne s’opposent à de telles sanctions pour lesquelles il faudrait l’unanimité. L’aveu d’échec de Juncker face à Varsovie et Budapest a été rapporté par le député polonais au Parlement européen Marek Jurek, lundi, sur son compte Twitter.

Ainsi, les deux capitales du V4 (groupe de Visegrád) ne semblent pas soutenues uniquement par les pays d’Europe centrale et orientale dans le conflit qui les oppose aux Juncker, Merkel, Macron et autres Gentiloni. Ceux-ci, face à l’afflux toujours plus important d’immigrants (pas près de s’arrêter, selon l’ONU), voudraient plus de solidarité européenne avec l’Italie. En bref, ils pensent relocaliser toujours plus d’immigrants depuis l’Italie, ou même les débarquer directement sur les côtes françaises, pour accélérer le Grand Remplacement. Il y a urgence à diluer le phénomène pour le gouvernement italien, vu la montée du mécontentement au sein de sa population. Néanmoins, l’alliance des droites italiennes, qui regroupe le centre droit de Berlusconi, la Ligue du Nord et les nationalistes, est donnée favorite dans les sondages pour les élections parlementaires au printemps prochain, après avoir largement remporté les municipales en juin sur fond de campagne contre l’immigration.

Dans ce combat, la Pologne et la Hongrie sont perçues comme des alliés et même des leaders par les patriotes de l’Europe entière. J’étais, vendredi, au congrès du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) à Varsovie, où le rôle de la Pologne et des pays du V4 a été souligné par les partis souverainistes représentés (FN français, Ligue du Nord italienne, PVV néerlandais, FPÖ autrichien, etc.), même si ces partis ne partagent pas les vues des gouvernements d’Europe centrale et orientale sur l’Union européenne et l’OTAN.

Un autre allié - et de taille - pour la Pologne et les pays d’Europe centrale et orientale contre Bruxelles, Berlin, Paris et Rome, ce sont les États-Unis. Le président Donald Trump se rend à Varsovie les 5 et 6 juillet avant d’avoir visité Paris et Berlin. Il y "approfondira une alliance fondée sur des valeurs partagées et des intérêts communs". En Pologne, le président Trump rencontrera aussi les dirigeants de onze autres pays d’Europe centrale et orientale réunis en sommet au même moment. En matière d’immigration, notamment musulmane, Washington, Varsovie et Budapest sont aujourd’hui sur la même longueur d’onde.

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04 juillet 2017 à 23:33

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