On s’en fout, du terrorisme, de la réforme des retraites, des mesures de protectionnisme de Donald Trump, de la situation politique en Italie : la nouvelle importante, c’est que Zidane a quitté le Real Madrid, après avoir remporté sa troisième Ligue des champions ! Tous les plateaux de télévision s’en sont émus. Tous les politiques y sont allés de leur hommage, comme pour partager un peu de sa popularité.

Notre Président, qui aime jouer au foot en costard avec les jeunes des quartiers, a salué "une carrière de joueur et d'entraîneur exceptionnelle", estimant qu’"il a fait le choix de partir après trois grands titres, ce qui est une forme de sagesse et d’intelligence". Il souhaite même qu’il puisse "jouer un rôle pour le pays parce que c’est quelqu’un qui inspire notre jeunesse". Va-t-il lui proposer prochainement de devenir ministre des Sports ? Pourvu qu’il ne lui prenne pas l’envie de modifier la Constitution pour pouvoir faire trois mandats et égaler son record !

Laura Flessel, en grande championne d’escrime, un peu plus terne comme ministre, comprend les états d’âme de l’entraîneur du Real : "On a envie de prendre aussi un peu plus de temps avec sa famille, on a envie de voyager un peu plus, de prendre le temps de se réveiller et de faire un peu plus que de coacher", a-t-elle expliqué sur BFM TV, n’oubliant pas de préciser que Zidane "représente un patrimoine européen" : il ne fallait pas, dans cette affaire, que l’Europe fût oubliée.

Benoît Hamon, voulant montrer qu’il existe toujours, va droit au but lorsqu’il tweete : "#Zidane joueur ou entraineur (sic), ça reste toujours la classe intégrale." Il est aussi nuancé dans son éloge que dans ses analyses politiques, avec une bonne dose de démagogie. Ça peut toujours servir ! De son côté, un twitteur plaisantin, du nom de Jionel Lospin, écrit que "le seul défi qui serait à la hauteur du talent de Zidane, maintenant, ce serait de prendre la tête du Parti socialiste et de gagner 3 élections de suite".

Mais la palme revient sans conteste à François Hollande, le "capitaine de pédalo", comme l’appelait Mélenchon en 2012. Dans l’émission "Questions d’info" LCP-AFP-Le Point, il a loué l’attitude "digne" d’un "être d’une grande humanité", qui veut rester "une forme de légende", ajoutant que "dans la vie il ne faut pas toujours s'accrocher, il faut aussi penser à d'autres missions". Son portrait craché, n’est-il pas vrai ? Lui qui renonça à briguer un second mandat au sommet de sa gloire ! Décidément, un ex-Président devrait tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.

Laissons aux spécialistes du sport, dont c’est le métier, le soin d’analyser les causes du départ de Zidane : sagesse ou calcul, conscience qu’il vaut mieux partir après une victoire qu’après une défaite, désir de se reconvertir ? Un peu de tout cela, sans doute. Lui-même a déclaré : "Je pense que c'est le bon moment pour tous. Cette équipe doit continuer à gagner et a besoin d'un changement. Après trois ans, elle a besoin d'un autre discours, une autre méthode de travail." Pour une fois qu’un grand sportif décide de quitter un club dans l’intérêt de son équipe, on ne va pas chipoter.

Pour ma part, je verrais bien en lui un exemple d’intégration réussie, de discrétion et de modestie dans le succès, de naïveté aussi : souvenez-vous de l’équipe de France, en 2005, la main sur le cœur, à la mode américaine, tandis que retentissait "La Marseillaise". Zidane, piégé par Gérald Dahan se faisant passer pour Chirac, restera dans toutes les mémoires. Je préfère un Zizou naïf, qui a enchanté les Français, à un Flanby, qui s’illustra surtout par ses frasques politiques et n’obtint pour trophée que le prix des petites blagues.

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01 juin 2018 à 21:51

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