Commémoration du Vel’ d’Hiv’ : Macron est-il un falsificateur de l’Histoire ?

Le président de la République a commémoré, ce dimanche, en compagnie du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, le 75e anniversaire de la rafle du Vélodrome d’Hiver, les 16 et 17 juillet 1942, qui aboutit à la déportation de plus de 13.000 Juifs. Ce triste anniversaire devait sans doute être commémoré. On peut regretter, cependant, qu’Emmanuel Macron, dans le discours qu’il a prononcé, ait tenté d’en faire une récupération politique.

C’est bien la France qui organisa la rafle, puis la déportation et donc, pour presque tous, la mort des 13.152 personnes de confession juive arrachées à leur domicile,

a-t-il insisté, reprenant la position de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Il lui fallait expliquer pourquoi le général de Gaulle et François Mitterrand n’avaient pas soutenu la même thèse. Selon lui, les Français n’étaient pas prêts à entendre la vérité : tous deux auraient voulu faire "primer l’apaisement et la réconciliation". Explication peu convaincante, qui n’est pas à la hauteur de l’analyse de ces deux personnalités.

Pour Emmanuel Macron, le débat sur la responsabilité de l’État français dans la rafle du Vel' d’Hiv' est définitivement tranché. À chacun de juger si sa position est objective ou si elle traduit une interprétation politique des événements. S’il est vrai que le gouvernement de Laval collabora, combien de cadres ou de simples citoyens ont œuvré pour sauver des Juifs ?

Il a fallu que ce soit Benyamin Netanyahou qui rappelle que des Français ont couru des risques pour éviter le pire, comme le reconnaissait Simone Veil, devant l’ONU, le 29 janvier 2007 :

En France, 76.000 Juifs ont été déportés, mais les trois quarts des Juifs de France ont été sauvés. Ils le doivent à ces milliers de Français qui les ont aidés et qui ont incarné le courage, la générosité, la solidarité.

Ces propos n’enlèvent rien à l’horreur de la Shoah, mais redonnent à la France un honneur qu’Emmanuel Macron semble méconnaître.

De même, pourquoi faut-il que le président de la République tacle, sans les nommer, Marine Le Pen et le Front national ? À celle qui a affirmé, au cours de la campagne, que « la France n’est pas responsable du Vel' d’Hiv' », il répond, au début de son discours : "Récemment encore, ce que nous croyons établi par les autorités de la République, avéré par tous les historiens, confirmé par la conscience nationale, s’est trouvé contesté par des responsables politiques français prêts à faire reculer la vérité. C’est faire beaucoup d’honneur à ces faussaires que de leur répondre. Mais se taire serait pire, ce serait être complice."

Nos lecteurs jugeront qui est le plus « faussaire » : celle qui – qu’on approuve ou non ses positions – a toujours défendu la souveraineté de la France ou celui qui donne de l’Histoire sa vision personnelle ? Comme en février 2017 où, dans une interview à la chaîne algérienne Echorouk News, il qualifia la colonisation de "crime", de "crime contre l’humanité" et de "vraie barbarie".

L’Histoire mérite mieux que des discours qui la falsifient !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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