Quand un rappeur rencontre un autre rappeur, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires de… rien du tout. Ils se tapent dessus. Aéroport d’Orly, bataille rangée entre Booba assisté de ses sbires et un certain Kaaris et sa bande, tous deux rappeurs très remontés contre la haine, le racisme et toutes ces violences qui rongent notre société.

Mais il y a pire, encore. Le mal absolu à côté duquel le flic honni fait figure d’ami de la famille est incarné par le concurrent rappeur, le malfaisant qui a l’outrecuidance de venir dénoncer les mêmes maux, vociférer la même hargne sur la même boîte à rythmes. Celui qui menace de vider vos salles de concert, de réduire à néant six mois de carrière. Conflit de boutiquiers dans les boutiques d’Orly. Petit épicier de l’antiracisme contre marchand de victimisation. Chaos dans le hall 1.

Les raisons de la bagarre resteront à tout jamais inconnues des passagers dont le vol a été retardé du fait de cette guerre commerciale. De même que l’identité des protagonistes. Vacances j’oublie tout... ou presque. La banlieue a planté son barnum dans la zone « duty free ». L’aoûtien débonnaire à la porte du paradis peut encore goûter quelques plaisirs de la grande ville et peut-être trouver une bonne raison de ne jamais revenir.

Alors que l’origine de l’antagonisme laisse indifférents l’intégralité des témoins de la scène, France Info prend la peine d’aller faire les poubelles de l’univers « rappeur » pour en exposer le contenu. Le douloureux problème se résume ainsi : "Booba reproche au rappeur de Sevran de ne pas l'avoir soutenu, lors de son clash avec La Fouine en 2013." Bigre ! Déjà en conflit avec un autre collègue de bureau en 2013, Booba serait l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu La Fouine et n’a pas bronché. Pas tiré un seul coup de feu alors que la bête était à sa portée. Dans la jungle, terrible jungle, la fouine bouge encore, et par la faute de l’impertinent d’Orly, l’empêcheur de décoller en rond. Merci France Info pour cet exposé de fond sans lequel nous ne saurions rien de la poésie qui anime ces deux animateurs de salle d’attente.

Dans un autre papier consacré à cet intermède, France Info s’enfonce dans l’épais brouillard qui entoure les raisons du conflit et parle d’un contentieux Booba vs Rohff. Une agression commise dans une boutique de vêtements pour laquelle il aurait été condamnée à cinq ans de prison. Jugement en appel qui serait, lui aussi, à verser au lourd dossier du Kaaris. Le sujet est épuisant.

Après fermeture du hall 1, les Booba, Kaaris et une douzaine d'autres personnes ont été interpellées et auditionnées (sans boîte à rythmes). Les passagers en partance pour des pays lointains se sont promis de ne jamais revenir.

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02 août 2018 à 14:05

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