Nous sommes en 1968, quelques temps avant les grèves ouvrières. Le Sunday Times organise, à l’initiative du navigateur Francis Chichester, le Golden Globe Challenge, première course à la voile autour du monde en solitaire et sans escale.

Tandis que son entreprise connaît d’importantes difficultés financières, l’ingénieur Donald Crowhurst choisit, en dépit de son inexpérience, de prendre part à la compétition afin de promouvoir sa dernière invention et de renflouer les caisses. Hypothéquant tous ses biens et bénéficiant dorénavant d’un sponsor, Crowhurst fait construire un trimaran pour l’occasion, le Teignmouth Electron, et poussé jusqu’au bout par ses soutiens financiers et médiatiques, se lance en mer, malgré un manque de préparation évident, pour tenter de rattraper les huit autres compétiteurs.

Rapidement, les difficultés se font jour. Le navigateur perd peu à peu tout espoir de réussite et, se refusant à abandonner officiellement la course, communique dans un premier temps de fausses informations afin de sauver la face, avant de couper tout contact radio avec ses proches. Seul en mer, gagné par la folie, Donald Crowhurst ne finira jamais la compétition et mettra fin à ses jours.

Après Les Quarantièmes rugissants, de Christian de Chalonge, film français porté par Jacques Perrin et Michel Serrault en 1982, et librement inspiré de l’histoire de Donald Crowhurst, Le Jour de mon retour revient plus en détails sur la véritable histoire et prend directement appui sur les journaux intimes, les carnets de bord et les lettres du navigateur. L’intérêt du film réside donc d’abord dans le travail de documentation effectué en amont, bien que l’ensemble puisse être envisagé plus largement comme une critique du pouvoir médiatique et de la pression sociale exercée au nom de la performance, du progrès, de la compétition ou même de la réussite individuelle. Crowhurst, pour sauver son honneur conjugué à celui de son entreprise, n'aura d'autre choix, au fil du récit, que de persister dans le mensonge et de s'isoler toujours plus psychologiquement, quitte à s'enfoncer dans la folie et à réduire à néant ses chances de survie.

La fable est certes convenue mais aura le mérite de rappeler ce à quoi peut mener l'esprit d'initiative lorsque celle-ci prime sur le bon sens et fait l'impasse sur les mesures de précaution les plus élémentaires.

Par ailleurs, s’il souffre d’une mise en scène un peu trop sage – pour ne pas dire académique –, le film de James Marsh bénéficie d’un casting impeccable mené par Colin Firth et Rachel Weisz, dont l’alchimie fonctionne à merveille, auquel vient s’ajouter le trop rare David Thewlis dans un rôle de journaleux minable à l’opportunisme dangereux.
Un film à voir, sans aucun doute.

3 étoiles sur 5

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23 mars 2018 à 13:29

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