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Cet article a été publié le 26/10/2018.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir les films que nous avions aimés lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, First Man, l'histoire du premier homme qui marcha sur la Lune.

Directement adapté de la biographie de Neil Armstrong écrite par James R. Hansen avec l’accord de l’intéressé, First Man, actuellement au cinéma, revient, plus de 2 h 20 durant, sur le parcours de celui qui fut le premier à fouler la Lune, le 21 juillet 1969. Le film de Damien Chazelle, plutôt que de se concentrer exclusivement sur le succès de la mission Apollo 11, narre les différentes étapes qui ont conduit à ce résultat et prend pour point de départ le début des années 1960, lorsque Neil Armstrong était encore pilote d’essai. Une manière, pour le cinéaste, d’insister sur le caractère hasardeux de sa destinée et d’affirmer que rien n’était écrit d’avance. First Man nous permet donc d’observer Armstrong dans son milieu professionnel comme dans l’intimité de sa vie familiale. Celle-ci ne cessera, au fil du récit, de subir les contrecoups de l’engagement quasi sacerdotal de Neil envers la science alors que les risques de danger s’amoncellent, ainsi que l’apprendront à leurs dépens ses collègues de la mission Apollo 1, brûlés vifs dans leur cockpit en janvier 1967.

Stoïque, maître de soi, l’astronaute traverse malgré tout avec brio les missions et entraînements divers qui feront un jour de lui un héros.

Un héros qui n’a rien d’un surhomme et qui, humainement parlant, n’est pas exempt de défauts. Son couple pâtira de ses silences et de ses angoisses rentrées à mesure que se précisera le choix de la NASA pour le désigner commandant de la mission Apollo 11.

Esthétiquement parlant, le film de Damien Chazelle est une réussite incontestable. Filmées dans des cockpits étroits, proches de ceux utilisés à l’époque, les séquences d’essais nous permettent d’éprouver avec les astronautes leurs sentiments de claustration et de danger.

Un effet de proximité qui, concernant Armstrong, se nourrit grandement de ce que l'on sait de sa vie familiale. Avec le récent Gravity, d’Alfonso Cuarón, nous ne connaissions pratiquement rien de la vie privée des personnages, nous souffrions avec eux dans le cockpit mais cela relevait purement du mécanisme mimétique. Dans First Man, cette souffrance est alimentée par deux facteurs supplémentaires : le fait, d’abord, qu'il s'agisse d'une histoire vraie, que l'on ait la certitude que tout ce que l'on voit à l'écran a bien eu lieu (notamment la tragédie d'Apollo 1) ; et le fait que Neil Armstrong possède des attaches familiales sur Terre dont on connaît les visages. L'empathie du spectateur pour l’astronaute durant les moments de crise en est décuplée, et ce n'est pas peu dire, tant le personnage apparaît taiseux et impénétrable tout au long du récit – le rôle semblait naturellement dévolu à Ryan Gosling.

Certes, deux heures d’attente pour aboutir à l’alunissage auront de quoi frustrer plus d’un spectateur ; nous ne désirons qu'une chose : que Neil Armstrong pose le pied sur la Lune. Néanmoins, si cette attente tire sur la longueur et nous est de plus en plus insupportable, c’est précisément que Damien Chazelle souhaite rendre compte de ce que ressent le personnage principal. Tout ce projet est un immense défi que se lance l’astronaute pour reprendre une forme de contrôle sur sa vie après le décès de sa fille. Aller sur la Lune est, pour lui, un accomplissement. Il est, en cela, compréhensible que le réalisateur ait choisi de reporter le plus loin possible cette échéance. Celle-ci n'en sera que plus glorieuse, bien que (trop) vite expédiée.

Il manque cependant quelque chose à First Man pour être un grand film. Peut-être du souffle, tout simplement, cette histoire bien connue étant écrite d'avance.

4 étoiles sur 5

https://www.youtube.com/watch?v=4FRpG3iB4cg

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 13:53.

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26 octobre 2020 à 10:30

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