Après les attentats qui ont touché la Catalogne, Christian Estrosi demande l'aide de l'Europe pour que les communes se protègent contre le terrorisme. Il propose la création d'un fonds spécifique pour celles qui sont les plus ciblées parce qu'elles représentent "des villes touristiques, à forte fréquentation, qui aménageront leur espace public pour lutter contre le terrorisme".

Cet effet d'annonce sent à plein nez l'opportunisme politique niçois mal placé, car Christian Estrosi ne peut ignorer que l'Union européenne octroie des financements à un large éventail de projets et programmes (développement urbain et régional, emploi et insertion sociale, agriculture et développement rural, affaires maritimes et pêche, recherche et innovation, aide humanitaire) mais pas ceux touchant à la sécurité, domaine régalien des États par excellence. Un élargissement à l'aménagement des espaces publics des communes nécessiterait l'accord des vingt-huit et n'a donc aucune chance d'aboutir. Monsieur Estrosi aurait été encore président de la région PACA, il aurait sans doute demandé un fonds pour les régions.

Mais ce qui me dérange le plus dans cette proposition, c'est ce qu'elle dénote de la part de l'édile de Nice : un mépris de l'égalité des territoires et un abandon moral de la mission régalienne la plus importante de l'État - la sécurité.

Que fait monsieur Estrosi de la solidarité entres les communes, entre les plus riches et celles moins bien loties financièrement, entre communes touristiques, riches par nature, et les autres, comme si seules les premières (comme Nice) pouvaient être des cibles et méritaient un traitement particulier vis-à-vis du terrorisme islamiste ? Mais non, Monsieur Estrosi, le terrorisme fanatique islamiste peut frapper en tout temps et en tout lieu, et si les villes touristiques deviennent des bunkers ou des Fort Knox, il se rabattra sur celles moins bien protégées car ne disposant pas des mêmes moyens financiers. Il n'y a plus de lieux sûrs, c'est ce qui fait la force de nos ennemis dans la guerre asymétrique qui nous est déclarée, et la difficulté d'y faire face. Par ailleurs, le président de l'Association des maires de France appréciera à sa juste valeur la position de M. Estrosi.

Et puis, il n'y a pas que les communes qui sont concernées, il y a les musées et monuments nationaux, les gares, les trains, les aéroports, les entreprises sensibles ou pas, les ports qui embarquent des passagers, les lieux de culte, toutes sortes de grands rassemblements de personnes, les foires, etc., et j'en oublie. Si tout le monde se met à réclamer « l'Europe, l'Europe », que devient la responsabilité de l'État dans cette affaire ? Je sais bien que cela dénote, à juste titre, un manque de confiance envers nos gouvernants actuels et passés qui n'ont pas été capables d'assurer la sécurité de la population à cause d'une politique antiterroriste défaillante. Mais c'est cela qu'il faut mettre en cause et exiger, Monsieur Estrosi, pas l'appel au messie européen qui, de toute façon, ne viendra pas. C'est à l'État d'assurer la sécurité par une politique adaptée, y compris en ce qui concerne la sécurité passive des espaces publics, en liaison avec les maires.

En exploitant ainsi les attentats de Catalogne, Christian Estrosi ne voit le problème que par le petit bout de sa lorgnette, en espérant faire parler de lui et contribuer à faire faire des économies à la ville de Nice, qui pourtant est une des villes les plus prospères de France. J'aurais préféré qu'il fasse une déclaration soulignant que la cellule terroriste de Catalogne était dirigée par un imam officiant à la mosquée de la ville de Ripoll.

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21 août 2017 à 20:19

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