Selon Frédéric Pons - qui les a suivies sur le terrain -, les élections en Russie ont été, dans un climat serein, un plébiscite pour Vladimir Poutine.

Pour ce qui pourrait être son dernier mandat, les trois enjeux forts de Vladimir Poutine seront l'économie, la poursuite de la réaffirmation russe à l'extérieur et - chantier le plus important et le plus sensible - la recherche d'un dauphin dans sa veine susceptible de poursuivre, en 2024, l'œuvre de restauration et de rétablissement de la Russie qu'il a entamée en 2000.

Que retenez-vous de l’élection présidentielle en Russie ?

Je retiens évidemment à la fois le résultat, les 76 % de Vladimir Poutine, et le taux de participation très large de 60 %. C’est donc une victoire personnelle de Vladimir Poutine, un véritable plébiscite. Les Russes ont clairement choisi la continuité avec lui, rejetant les différents extrémismes, qu’ils soient communiste, nationaliste ou libéral, pour choisir celui qui incarne en Russie une position centriste. Même si nous ne le voyons pas forcément en Occident, Vladimir Poutine est un point d’équilibre de la politique russe. Les Russes se reconnaissent dans ce choix. Ils l’ont traduit par la participation et par ce plébiscite.
Je retiens aussi l’ambiance très particulière que j’ai pu vivre quelques jours avant et après cette élection. C’était une ambiance beaucoup plus sereine que ce qu’en ont rapporté les médias dominants en France. Les partisans de Poutine, comme les autres d’ailleurs, sont allés voter en masse dans la bonne humeur.
J’ai pu voir un président de bureau de vote à Moscou partisan de l’opposant Alexeï Navalny qui est emprisonné. Il avait pourtant été choisi comme président de bureau de vote. Il m’a dit tout ce qu’il pensait de mal de Poutine. C’était à deux pas d’un policier. Il n’y a pas eu de pression d’aucune sorte.
Il y a, certes, eu quelques fraudes, comme dans toute grande élection. Nous avons aussi connu cela en France, notamment dans des villes communistes, en Corse ou ailleurs. Le résultat montre bien que les fraudes n’ont pas été aussi importantes et que, de toute façon, il y a eu un vrai mouvement électoral de soutien à Vladimir Poutine.

Quels gros enjeux attendent Poutine pour ce qui pourrait être son dernier mandat ?

Pour résumer, il doit faire face à trois enjeux forts.
D’abord, à l’intérieur, l’économie. Elle a été frappée par la baisse du prix des hydrocarbures et les sanctions. Il est vrai que, sur les dernières années, Poutine n’avait pas mis l’accent comme il aurait dû sur le développement et l’investissement, aussi bien dans l’industrie que dans l’agriculture. C’est un gros chantier. Il va falloir le faire ou le poursuivre. L’adaptation du pays ou la reconquête de l’autonomie alimentaire du pays est en cours. Ce n’est pas terminé.

Le deuxième enjeu est extérieur. C’est la poursuite de la réaffirmation de la présence russe, si ce n’est de la puissance russe, sur un certain nombre de dossiers en Europe, en Syrie et en Iran. On sait que Poutine va continuer ce qu’il a entrepris de façon déterminée au service des intérêts de la Russie.

Le troisième grand défi sera évidemment de trouver un successeur, un dauphin un peu plus jeune avec les mêmes idées que Vladimir Poutine, quelqu’un qui pourra, en 2024, à l’issue de ce mandat présidentiel, poursuivre l’œuvre de restauration et de rétablissement de la Russie entamée par Poutine en 2000. C’est sans doute le chantier le plus important et le plus sensible pour Vladimir Poutine.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 20:15.

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22 mars 2018 à 13:10

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