Vous pensiez qu'avec une cote de popularité identique à celle de Hollande, son teint blafard, son internement volontaire à l'Élysée et l'explosion en vol de son logiciel économique et de son arrogance, le président de la République allait connaître un Macron bashing comme Sarkozy et Hollande en avaient subi avant lui ? Jusque dans la presse qui les avait d'abord portés au pinacle ?

Eh bien, non, Emmanuel Macron n'y aura pas droit. Le désamour a beau être violent, la révolte inédite, la violence palpable, la presse continuera de jouer la partition « Nouveau Monde ». Comme l'orchestre du Titanic. C'est qu'Emmanuel Macron est un magicien, un phénix.

Olivier Beaumont, dans Le Parisien, signe un bel épisode des aventures de ce nouveau magicien : « Gilets jaunes : et si Emmanuel Macron en profitait ? »

« Affaibli par les gilets jaunes, au plus bas dans les sondages, Emmanuel Macron pourrait paradoxalement bénéficier des conséquences de cette crise. »

Tout tient dans le « paradoxalement ». Vous savez, le « en même temps », la formule magique !

Déjà, hier, dans 20 Minutes, un autre article, dont le titre a d'ailleurs évolué au fil du temps, comme si on sentait qu'on en faisait peut-être trop, entonnait ce refrain. Si le politologue Jérôme Sainte-Marie était lucide sur "l'impopularité massive" du Président et sur les risques que le "feu mal éteint" des gilets jaunes faisait peser sur l'avenir du quinquennat, il enfourchait lui aussi le Vélib' du « paradoxalement » :

« Paradoxalement, les européennes pourraient être une bonne nouvelle. Cela permettra de remobiliser les électeurs de Macron sur un sujet qui leur est favorable. »

Et le journal d'accumuler les conditionnels euphoriques : "L'exécutif pourrait rebondir aux européennes", "Emmanuel Macron pourrait même espérer des ralliements en cas d’échec du PS ou de LR aux européennes". C'est évident, puisque le concierge du Palais, M. Coué, vous assure qu'on se bouscule à la porte du Président. Sauf que, ce matin, c'était encore ces satanés gilets jaunes qui sont venus frapper à la porte du fort de Brégançon.

Décidément, ils ne comprennent rien à la magie, ceux-là. Ou alors ils sont capables d'avoir le même don d'ubiquité que lui. On le croyait enfermé à l'Élysée ? Que nenni, on l'annonce à Brégançon. Nul doute qu'il apparaîtra fugitivement ce soir au Touquet. Ou, pourquoi pas, au zoo de Beauval, pour une visite au filleul de Brigitte ? Mais d'ici que les pandas enfilent un gilet jaune...

Le mieux serait encore de jeter un œil sur l'agenda présidentiel : vide. Là, c'est la cape d'invisibilité ! Il est trop fort, notre magicien, et, sur ce coup-là, meilleur que les gilets jaunes ! La presse avait raison.

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28 décembre 2018 à 12:51

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