C'était cousu avec un fil de gilet jaune fluorescent. Je l'attendais. Audrey Crespo-Mara (Mme Ardisson) l'a fait.

Depuis la manifestation des gilets jaunes du samedi 1er décembre et l'incendie de la préfecture de la Haute-Loire au Puy-en-Velay, je me demandais qui oserait, le premier, lier Laurent Wauquiez à ce consternant événement accompli par la branche la plus radicale d'un mouvement (ou bien de simples casseurs revêtus d'un gilet jaune) qui a la sympathie d'une grande majorité de Français.

Je voyais bien un journaliste de BFM TV, un député LRem ou bien encore le consultant d'une des chaînes de télé complaisantes avec Macron s'essayer à cet exercice relevant d'une manipulation grossière.

Le coup est venu d'Europe 1, lors de la matinale du 6/12/2018, dans le cadre de l'interview du président des Républicains par la journaliste citée plus haut. Les propos tenus par l'animatrice de la matinale sont ceux-ci : "Mais les incendiaires de la préfecture portaient tous un gilet jaune, exactement le même que le vôtre, est-ce gênant ? Est-ce que ce n'est pas gênant, pour un président de région ?"
Voyant cet assaut moralisateur d'un des guides de la bien-pensance, qui reprochait à notre ancien ministre de la République d'avoir porté le fameux équipement de sécurité quelques minutes, j'ai ressenti, un court instant, comme un malaise. Serais-je un criminel pour avoir porté un gilet jaune lors d'une manifestation ?

Dans l'excellent article de François Falcon "Quand Laurent Nuñez vend la mèche", une phrase illustre le sentiment que beaucoup d'entre nous avons en regardant les infos en continu : "Ce que vous voyez de vos propres yeux est moins fiable que ce que le gouvernement et les médias vous racontent."

Ici, dans le cas de l'incendie de la préfecture du Puy-en-Velay, c'est plutôt : "Ce que vous ne voyez pas de vos propres yeux est moins convaincant que ce qu'Audrey Crespo-Mara vous suggère."

Cela dit, me disant que le hasard de l'actualité fait parfois un bien curieux pied de nez, ma première réaction sur l'info concernant la préfecture de Haute-Loire en feu, auprès de mes amis au travail, fut : "D'ici qu'ils (les médias, le gouvernement) rendent Wauquiez responsable de tout cela !"

Et il faut bien avouer qu'une seule préfecture en feu dans notre pays secoué par les manifestation de gilets jaunes, qui plus est la préfecture du fief électoral du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, cela faisait figure de gyrophare dans l'actualité.

En fait, Laurent Wauquiez a compris depuis bien longtemps que le matraquage fiscal des classes laborieuses conduirait le pays à la révolte. Et la philosophie du mouvement des gilets jaunes, pour l'essentiel, colle avec son analyse du malaise français.

Cela fait donc de lui une cible privilégiée.

Il ne serait pas sincère, nous dit-on. Mais alors, pourquoi 2.000 à 3.000 personnes, très "gilets jaunes", se bousculent chaque année au mont Mézenc pour l'écouter ? Pourquoi, lors des dernières législatives, la vague En marche ! s'est fracassée sur le rocher Haute-Loire qui a gardé sa couleur bleu Les Républicains ?

Plutôt que de saluer son esprit de responsabilité qui s'est avéré au travers de sa main tendue au gouvernent, il y a quelques jours, sur le plateau de France Inter : "Dans ma région, je suis prêt à baisser les taxes sur l'essence si le président de la République s'engage à arrêter les hausses de taxes qu'il a décidées", et le respect de sa parole, puisqu'il vient d'annoncer une baisse de 20 % sur la taxe régionale sur les carburants, les médias préfèrent lui prêter des intentions qui ne sont pas les siennes et jouer le jeu de l'insinuation.

C'était cousu avec un fil de gilet jaune fluorescent. Je l'attendais.

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09 décembre 2018 à 14:10

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