Le Conseil d'État vient de donner raison à Vincent You, initiateur de la clause Molière. Cet élu local est extrêmement satisfait de cette victoire de David contre Goliath. Cette forme de "préférence francophone" stipule que dans un chantier, tous les ouvriers présents doivent parler français ou, à défaut, disposer d'un interprète pour traduire les consignes. Pour travailler en équipe, il faut pouvoir se comprendre !

Que pensez-vous de l'arrêt du Conseil d'Etat sur la Clause Molière ?

"Je suis extrêmement satisfait. D'une certaine manière, j'ai l'impression d'assister à David contre Goliath saison 2. Le combat d'un élu local, repris dans différentes régions, peut porter ses fruits. On stoppe ainsi une dérive inacceptable.
Tous les ouvriers de France qui pensaient que leurs politiques les oubliaient et les abandonnaient auront probablement chaud au coeur.
Cela montre que lorsqu'on s'engage et qu'on met ses tripes sur la table, on peut avoir des résultats."


On rappelle que la Clause Molière stipule que les ouvriers présents sur un chantier doivent comprendre le français ou à défaut disposer d'interprètes pour traduire les consignes.
Est-ce le minimum vital pour le bon déroulement d'un chantier ?

"C'est une forme de préférence francophone et par là le respect du travail. Cela permet de travailler en équipe et de pouvoir se comprendre. Les technocrates de Bruxelles ne semblaient pas vouloir l'accepter. Mais le droit français est désormais clair. C'est la plus haute juridiction administrative qui dit le droit. Donc, toutes les collectivités vont pouvoir aujourd'hui appliquer cette clause mettre un coup d'arrêt aux délires du travail détaché".


Y avait-il une dimension politique derrière cela ?

"Il y a une dimension politique dans le sens le plus noble du terme. Quand il y a quelque chose d'inacceptable, il faut faire en sorte de pouvoir l'arrêter.
J'ai subi beaucoup d'insultes depuis un an et demi. Mais j'ai été aussi largement suivi puisqu'aujourd'hui 6 régions sur 13 et 8 départements appliquent cette méthode.
Ce n'est qu'un début. Ceux qui étaient un peu frileux vont pouvoir se lancer sur un chemin bien balisé."


Laurent Wauquiez attend quant à lui une décision du tribunal administratif de Lyon. Il voulait appliquer sa propre Clause Molière.
Qu'est-ce qui différencie la clause de Laurent Wauquiez de la vôtre ?

"Il était plus radical. Il supposait que le travail détaché n'était pas possible. Or, ce n'est pas quelque chose qui est du ressort des élus locaux. L'intérêt de laisser la possibilité de l'interprétariat est d'entrer dans la tradition de la jurisprudence française qui consiste à laisser la possibilité d'avoir un interprète lorsqu'il y a obligation de parler le français.
Il était à mon sens sur un objectif plus politique qu'une analyse juridique. Il a maintenant une solution balisée. Il va donc pouvoir, s'il le souhaite, prendre en compte une méthode qui est maintenant validée."


Quel est votre prochain combat ?

"L'alimentation en circuit court dans les écoles.
C'est un sujet sur lequel je travaille depuis longtemps. Cela consiste à obliger dans le cadre d'un marché public les fournisseurs à accueillir les écoles sur son lieu de production. Il faut donc être à proximité si l'on veut faire de la pédagogie auprès des enfants.
C'est une autre façon de jongler avec les marchés publics qui ont parfois des règles délirantes pour faire en sorte de retomber sur des mesures qui servent le territoire."

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/12/2017 à 22:17.

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04 décembre 2017 à 17:59

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