Les centristes, c’est comme le chiendent : ça repousse toujours !

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On aurait pu croire qu'avec l'avènement Macron, triomphe du « et de gauche et de droite », et la nomination d'Édouard Philippe, revanche posthume (post-primaire, pour être exact) de M. Juppé sur tous ces électeurs de droite « radicalisés » qui ne voulaient pas de lui, le centrisme allait devenir le pivot de la vie politique pour de longues années. Ne vivait-on pas une nouvelle ère « radicale » ? Les deux frères, radicaux de gauche et valoisiens, annonçaient d'ailleurs leur réunification après des décennies de séparation. Événement historique s'il en est.

Et, en effet, les UDI et les LR juppéistes qui avaient plombé la candidature Fillon s'étaient réunis dans un groupe à l'Assemblée, dénommé les Constructifs - Les Cons', pour les intimes. Mais ce groupuscule à peine né a été le théâtre de déchirures et de jalousies après le coup de force de M. Solère, qui a sauté sur un poste de questeur, d'habitude réservé à l'opposition, mais sans prévenir ses nouveaux amis constructifs. Chacun sa façon d'être constructif, après tout.

Mais les difficultés ont continué : les UDI ont très mal pris de ne pas être entendus par le gouvernement. Philippe Vigier a déclaré au Figaro :

Pour l'instant, nous n'avons rien obtenu du gouvernement. Les amendements que nous avons présentés sur la loi moralisation n'ont pas été repris. J'ai voté la loi d'habilitation pour le dialogue social en confiance, sans maugréer, sans barguigner. Mais nous avons demandé à être associés au travail de rédaction des ordonnances. Quatre fois. Et nous n'avons toujours pas de réponse.

Et puis, voyant que la nouvelle majorité LREM s'enferrait à l'Assemblée, les LR constructifs ont voulu aussi montrer leurs muscles, histoire de pas être en reste. À ce rythme, vous allez voir qu'ils vont se radicaliser, nos constructifs ! Et ils envisagent même de créer un nouveau parti. Les Cons', ce serait classe, non ?

En fait, le problème, avec les centristes, c'est que rien n'est jamais réglé, ils ne sont jamais contents. Au pouvoir ou dans l'opposition. Avec Macron ou avec des LR. C'est comme ces femmes – ou ces hommes – qui ne savent jamais de quel côté aller, éternels insatisfaits. Et que leurs partenaires lassés décident un jour de laisser à leurs petits questionnements et positionnements indécis.

Mais le problème, c'est aussi que, quand ils se décident enfin à partir, on n'a même pas le temps de se dire : « Bon débarras... » Ils sont comme le chiendent : ça repousse toujours ! Et M. Wauquiez aura encore face à lui des Bertrand et des Pécresse.

D'ailleurs, les centristes eux-mêmes raisonnent avec ce paramètre écolo du recyclage centriste permanent. Pour Philippe Vigier : « Ça grippe chez les marcheurs, ça grince chez les MoDem. Ces évolutions jouent en faveur d'un rééquilibrage." Youpi ! Ferrand et Bayrou sont déjà morts avant d'avoir vécu ! Une fenêtre de tir pour nous ! Mais la politique n'est plus ce qu'elle était, même pour les centristes. Et les fenêtres de tir sont très étroites. Et puis, ils sont aussi désormais dans la cible de ces tirs. Regardez Michel Mercier, qui rêvait de faire triompher le centrisme au Sénat et qui a eu juste le temps de se parachuter au Conseil constitutionnel avec ses emplois familiaux. Imaginez la scène, il y a quatre mois, en pleine campagne : il pouvait partir à la pêche avec Fillon. Mais j'ai parlé trop vite : j'apprends à l'instant que le parquet national financier vient d'ouvrir une enquête.

J'imagine la tête de M. Larcher, président du Sénat, qui l'a nommé, et de M. Fabius, président du Conseil constitutionnel, qui l'a accepté. Sans barguigner, comme on dit chez les centristes.

Allez, MM. Vigier, Lagarde, Riester et tous les Cons', elle est pour vous, la prochaine fenêtre de tir ! C'est le moment !

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