Catholiques et macronistes

71 % des catholiques pratiquants réguliers ont voté pour Emmanuel Macron le 7 mai dernier. Un chiffre considérable, largement supérieur à la moyenne nationale, qui amène à s’interroger : quelle est la cohérence de ces électeurs ?

Il s’agit d’une population qui se rend à la messe chaque semaine, et qui devrait être sensibilisée à certaines thématiques en lien direct avec la dignité humaine, le bien commun de la société, la destination universelle des biens, le respect d’un ordre naturel des choses. Toutes ces notions relèvent de la doctrine sociale de l’Église, dont la richesse et la profondeur rebutent nombre d’entre eux, mais qui n’a aucun caractère facultatif. Et pourtant, ils ont donné leur voix à un candidat qui foule ouvertement aux pieds ces points essentiels. Marine Le Pen n’était pas non plus, loin s’en faut, une candidate idéale sur ces questions. Mais au moins n’aurait-elle pas aggravé la situation.

Tentons d’y voir plus clair. Le vote Le Pen n’était pas évident pour eux : non seulement l’épiscopat clame depuis trente ans que le Front national n’est pas fréquentable, mais encore beaucoup d’entre eux ont la conviction que les thèses du parti à propos de l’immigration sont contraires à l’Évangile. Ils ne connaissent donc pas la position de l’Église sur la question, nettement plus nuancée. Cela n’est pas suffisant pour expliquer un tel désaveu.

La question européenne est plus sensible : nombre de catholiques restent imprégnés de l’idée selon laquelle la « construction européenne » est un bien en soi. Encouragés en cela par le clergé, qui fait preuve d’un aveuglement total et refuse d’établir le lien entre la marchandisation de la société initiée par les lobbies économiques et financier qui font la loi à Bruxelles et les dérives bioéthiques, les changements sociétaux, la promotion de l’individu roi, le règne de l’argent qui entrent en conflit frontal avec la parole évangélique. Étrange contradiction qui les amène à soutenir un système adorateur de Mammon.

Enfin, la calamiteuse campagne de Marine Le Pen sur les questions économiques les a convaincus que son élection aboutirait au chaos. Or, dans la bourgeoisie qui compose une bonne moitié des pratiquants réguliers, le portefeuille n’est jamais très loin du bulletin de vote. Le débat du 3 mai a fait basculer nombre d’indécis dans le camp du vote blanc.

L’autre moitié des pratiquants se recrute parmi les personnes âgées, qui forment le gros bataillon des cathos de gauche, lecteurs de La Croix ou de La Vie, pour qui le vote Macron allait de soi. Ceux-là sont politiquement corrompus par l’idéologie ambiante, souvent de bonne foi. Ils sont trop vieux pour y changer quoi que ce soit.

Ainsi, voici des gens qui se sont mobilisés en masse il y a quatre ans pour protester contre une loi mortifère ; qui souvent, et discrètement, s’investissent dans des associations, des centres d’aide aux démunis ; qui donnent parfois généreusement de leur personne ou de leur argent ; qui déplorent l’islamisation rampante de la société… Et qui votent pour le pire candidat qui soit pour un chrétien, un homme dont l’unique ambition est de transformer notre pays en une succursale du grand hypermarché mondial. C’est à n’y rien comprendre.

Le travail de reconstruction est immense. Il doit commencer au cœur de l’Église de France autant que dans la société civile. Ce chiffre montre qu’il est encore trop tôt, beaucoup trop tôt, pour reconquérir le pouvoir à l’aide d’une solide philosophie politique, réaliste, prudente et nationale. Qu’au moins ces catholiques prient pour la France : elle risque d’en avoir bien besoin dans les cinq années à venir…

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