Catalogne : tous au trou !

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On lui a enfin mis le grappin dessus ! Faisant preuve d’une imprudence propre à quelqu’un convaincu que la fortune va toujours lui sourire, Carles Puigdemont a quitté la tanière qu’il s’était procurée à Waterloo (peut-être ignorait-il qu’une autre défaite y avait eu lieu) pour se rendre en Finlande afin d’y poursuivre la croisade anti-espagnole entreprise depuis sa fuite. Retournant en Belgique par la route, c’est en Allemagne qu’il s’est fait arrêter, sa voiture ayant été piégée et tout son voyage contrôlé depuis le début par les services de renseignement espagnols.

Par une telle arrestation, le chef du coup d’État catalan a perdu tous les avantages qui lui étaient offerts par l’accueil chaleureux reçu en Belgique, pays qui ignore le délit de haute trahison, ne connaissant que des trahisons moins graves comme celles commises à l’encontre de l’ensemble d’un pays aussi européen que l’Espagne et de la moitié d’une région comme la Catalogne – européenne aussi, européenne encore, malgré tous les efforts qui, pour y attirer des « remplaçants » musulmans, ont été entrepris par des indépendantistes constituant, même si leurs amis flamands s’obstinent à fermer les yeux, la négation la plus flagrante de l’esprit identitaire.

C’est à présent tout le sommet de ces indépendantistes qui se trouve soit sous les verrous, soit sur le point d’y être, soit cachés… en Suisse, pays encore plus accueillant, semble-t-il, que la Belgique. Les peines qu’ils encourent sont lourdes : jusqu’à trente ans de prison pour le délit de haute trahison, appelé en Espagne délit de rébellion. Essayer de mettre en pièces un pays vieux de deux mille ans et dont les origines remontent à l’Hispania romaine ; appauvrir et détruire une région comme la Catalogne, qui restera mortellement divisée en deux pour on ne sait plus combien de décennies… voilà des infamies qui demandent un prix, et un prix lourd à payer.

Le plus étonnant est que ce prix, ce n’est pas du tout le gouvernement de Madrid qui le réclame. Ou il ne le fait que pour la forme et du bout des lèvres. Ce prix n’est exigé que par un juge courageux du Tribunal Supremo, à la demande des avocats de Vox, le seul parti identitaire existant en Espagne et qui, pour l’instant, se trouve encore en dehors du Parlement. Le procureur du roi, comme on dirait en Belgique, a été certes bien obligé de demander finalement l’arrestation des inculpés, même si des manœuvres ont été accomplies pour essayer d’éviter quelque chose qui déplaît profondément à monsieur Rajoy et à l’ensemble de l’oligarchie espagnole.

Ces gens-là ne souhaiteraient qu’une chose : le retour à la normale, comme les médias gouvernementaux le réclament constamment. La normale voulant dire : la situation d’anormalité qui, pendant quarante ans, a fait en Catalogne donation de ses institutions, de sa police et, surtout, de ses écoles et de ses médias à ceux qui n’ont fait rien d’autre, en dehors de s’enrichir par la corruption la plus éhontée, que de la diviser et d’y enfoncer la plus grande masse de population musulmane de toute l’Espagne.

Javier Portella
Javier Portella
Écrivain et journaliste espagnol

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