Épée de Damoclès sous le soleil méditerranéen, l’usine d’alumine de Gardanne s’invite régulièrement dans les médias. Et Boulevard Voltaire avait déjà rendu compte du problème et de l'embarras du précédent gouvernement et de Mme Royal. En cause, la nocivité de ses rejets. Des défenseurs de la nature alertent l’opinion depuis plusieurs années et incitent les pouvoirs publics à agir, ce qui donne lieu à autant d’articles que d’actions menées et de recours déposés auprès du tribunal administratif de Marseille. La dernière requête date du 19 juin.

Dès 1966, ce site industriel a commencé à déverser ses effluents dans la fosse de Cassidaigne au moyen d’un pipeline d’une cinquantaine de kilomètres. Rien qu’en 2015, 2.880 tonnes d’aluminium, 31 tonnes de fer, 4 tonnes d’arsenic ont été ainsi rejetées en mer.

Sous la pression, l’usine a modifié son processus industriel pour le rendre acceptable. Pour autant, un liquide blanchâtre, inoffensif pour l’exploitant du site, à la nocivité bien supérieure pour les environnementalistes, continue de se déverser au cœur du parc national des Calanques de Cassis. À terre, des résidus solides de bauxite sont entreposés à ciel ouvert. Il s’en dégage des poussières toxiques qui s’éparpillent au gré du vent. Si la politique de l’autruche se poursuit, nous courons à la catastrophe !

En 2012, Nicolas Hulot signait un appel réclamant l’arrêt des rejets polluants et indiquant dans son argumentaire : "Les boues rouges menacent donc directement la santé et l’environnement". Une reconnaissance explicite. Le 26 janvier 2016, monsieur Hulot publiait sur Twitter : "Je soutiens ceux qui se battent contre les rejets de boues rouges en Méditerranée. Elle est déjà si polluée et fragile." Un positionnement sans équivoque. Récemment rappelé à ses responsabilités et à ses engagements passés par les défenseurs de l’environnement, au micro de RMC, il se plaignait de récupérer "une forme de laxisme qui s’est fait pendant des années et des années…". Un fléchissement ? Nous sommes en droit d’en attendre plus de l'actuel ministre de la Transition écologique et solidaire, dont l’écologie serait un engagement de toujours !

Emmanuel Macron avait choisi Marseille comme lieu de villégiature. Le voici donc certainement bien informé pour se pencher sur le dossier brûlant des boues de Gardanne, d’autant que son hôte estival, Stéphane Bouillon, préfet de région, en connaît parfaitement les détails et les rebondissements. Mais, visiblement, priorité a été donnée à la com' et à l'OM, avant une rentrée sociale qui s’annonce d’ores et déjà agitée...

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27 août 2017 à 15:59

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