Certains ministres montent au créneau à l'approche de l'audition de l'ex-collaborateur du Président Macron, poursuivi pour violences.

Le ministre de la Justice Nicole Belloubet a ainsi mis en garde, une nouvelle fois, la commission d'enquête sénatoriale contre le risque d'un "empiètement sur le domaine judiciaire" au cours de ses travaux sur l'affaire Alexandre Benalla. Allant plus loin, elle a laissé entendre que "tout ce qui touche à la fonction présidentielle ne saurait faire l'objet d'une commission d'enquête […] Cela reviendrait dans les faits à rendre le chef de l'État (...) responsable devant le Parlement. La Constitution l'interdit formellement."

Comme si ces phrases ne suffisaient pas pour dissuader les parlementaires du palais du Luxembourg, Christophe Castaner, secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, a souligné lors d'une conférence de presse : "Certains pensent qu'ils peuvent s'arroger un pouvoir de destitution du président de la République, ils sont eux-mêmes des menaces pour la République."

On le voit, les pontes ministériels de La République en marche font feu de tout bois contre les sénateurs, allant même jusqu'à les menacer. Mais, au fait, pourquoi de telles intimidations ? Ne seraient-elles pas le signe d'un affolement du pouvoir ?

Si Belloubet met en avant le chef de l'État pour hurler "pas touche", ce ne peut être que pour une seule raison : parce qu'elle sait que les liens entre le "catcheur élyséen" et Jupiter sont tels que le babillage du premier seraient un danger pour le second. Imaginez qu'à la faveur d'un questionnement habile, il craque. Jusqu'où iraient ces révélations ?

Castaner, lui, va plus loin en parlant d'une opération de "destitution du Président". Là aussi, pourquoi de tels mots ?

Ceci préfigure-t-il l'angoisse d'une audition aboutissant à des divulgations pouvant induire l'article 68 de la Constitution ? Article qui stipule que "le président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat". Benalla pourrait-il être le dénonciateur d'un comportement personnel du "Big Chef" incompatible avec la dignité de sa fonction présidentielle (crime, propos publics inacceptables, etc.) ?

Comme l'a déclaré Jean-Luc Mélenchon : "Ils ont peur de quelque chose, mais quoi ? Qu'est-ce qu'ils craignent ?"

Benalla connaît intimement Jupiter depuis deux ans. Or, il va témoigner sous serment et la sanction pour parjure peut aller jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. Imaginez que l'homme de la Contrescarpe prenne peur et décide de s'épancher. Certaines scènes, certaines paroles ne pourraient-elles pas, alors, aboutir à des rebondissements ? L'audition du Franco-Marocain ne se transformerait-elle pas en cataclysme pour la présidence actuelle ?

Allons plus loin. RTL a annoncé que l'ex-chargé de mission envisage, après avoir noué des contacts, de s'installer au Maroc pour monter sa propre société de sécurité. Il faudrait être stupide pour ne pas croire qu'un tel homme ne soit pas courtisé, pour ses actions passées, par les services marocains : que pourrait-il leur confesser ?

Aujourd'hui, Benalla, pour l'Élysée, n'est-il pas une véritable bombe ambulante ?

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17 septembre 2018 à 19:29

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