Benalla, ou la confusion entre produits dérivés et la dérive du produit

Capture d'écran
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Avec la découverte de l’émission "Quotidien", une corde est venue s’ajouter à l’arc pourtant déjà bien fourni d’Alexandre Benalla. Après s’être procuré le dossier pénal de l’affaire, les journalistes ont révélé que l’employé multi-fonction de l’Élysée avait déclaré aux policiers : « J’ai sous ma responsabilité la mise en place d’une boutique en ligne et le projet d’une boutique physique ayant pour objet la vente de produits dérivés. »

« Pour faire simple, dites-nous les postes que vous n’occupez pas. » Face à lui, les enquêteurs peinaient à dresser la liste. Garde du corps à pied, à cheval, en voiture, à vélo, organisateur de la descente des Champs-Élysées de l’équipe de France, de la cérémonie de Simone Veil, presque sous-préfet, secrétaire particulier, habilleur, livreur, plongeur… Les policiers n’y arrivaient plus. En perdaient leur latin. « Ecoutez, faisons simple, dites-nous les postes que vous n’occupiez pas. »

La longue expérience en marketing d’Alexandre Benalla le prédisposait tout naturellement à la prise en charge du secteur « produits dérivés ». Ses cinq années dans une école de commerce du Groenland, sa connaissance du Touquet, son sens inné de l’équilibre à bicyclette aux côtés de madame Macron et jusqu’à sa prestation place de la Contrescarpe que certains ont qualifiée de dérive… Tout désignait le personnage à la gestion des boutiques de produits « made in Élysée ».

Sous la menace d’un mug ébréché, quel visiteur des Journées du patrimoine aurait eu l’audace de refuser d’acheter un petit quelque chose ? La matraque « Souvenir de Benalla » en cours de fabrication à Taïwan a dû être stoppée net suite aux révélations du Monde de juillet alors que de nombreux militants de La manif pour tous avaient déjà commandé le produit sur Internet. Face à ce gâchis, les élus LREM ont décidé de boycotter l’audition du mis en cause au Sénat. Désapprobation ou crainte qu’il ne sache pas son texte ? Pour cette nouvelle apparition en public, les communicants de l’Élysée ont dû remanier les éléments de langage élaborés pour le 20 heures de TF1. Trouver une autre paire de lunettes, des ficelles encore plus fines pour manipuler la marionnette…

Avec Benalla, Emmanuel Macron a inauguré la fonction de « Meilleur ami du Président ». Le MAP. Au-dessus des lois, au-dessus des protocoles, carte de « Meilleur ami » en poche, l’heureux élu est le Moïse devant qui s’effacent les tracas hiérarchiques. Nommé aux postes les plus incongrus, attaché de ceci ou de cela, ambassadeur des Auvergnats exilés en Papouasie, patron des produits dérivés, Emmanuel Macron laissait libre cours à son imagination. L'intéressé pouvait se réveiller secrétaire d’État et s’endormir « Observateur du réchauffement climatique ». La difficulté du métier consistant à se souvenir du titre ronflant octroyé pour la journée qui commence. La mission devenait impossible…

En signe de reconnaissance à son bienfaiteur immaculé, Alexandre Benalla aura sans doute le bon goût de se présenter face aux sénateurs vêtu d’un tee-shirt « Macron si beautiful ». Ému d’être passé à côté d’une responsabilité prestigieuse…

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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