Curieuse image de la gauche et de la droite que celle que renvoie la composition de ce gouvernement Macron-Philippe. Et même du centre, d'ailleurs.

Commençons par lui. François Bayrou est enfin devenu, à 66 ans, garde des Sceaux. Pas de jeu de mots facile. Toute la France l'a déjà fait. Et n'a pas fini de le faire. Un ministère de la parole, des grands principes, des indignations. Parfait pour celui qui régna ainsi à l’Éducation nationale et qui ne lui fit pas grand mal, ni grand bien non plus. Il laissa aller les choses vers leur dégradation. Pour cette rare capacité à accompagner le déclin d'une institution malade, il sera sans doute très bien accueilli à la Justice, aussi gangrenée par l'idéologie que l’Éducation nationale. Et puis, arriver après Taubira, cela vous ouvre un boulevard. Difficile de faire pire. Un signe ne trompe pas : M. Bilger attendait cette nomination. À chacun ses divines surprises.

La gauche, dans ce gouvernement, est surtout une gauche d'affichage et de com': Hulot, notre adolescent de 62 ans, est, lui aussi, enfin arrivé à son grand ministère, Laura Flessel représentera la place des femmes et de la diversité dans le sport et Mme Nyssen la culture. Rien à redire. Ils sont là pour l'image. Sans réel pouvoir, mais avec le soutien capital de Brigitte, ils doivent remplir sans problème leur lettre de mission : continuer à dérouler le storytelling dans vos hebdos, pendant cinq ans. C'est la gauche-Gala-"Ushuaïa"-"La France vue du ciel". Autant dire, pas la vraie.

Et puis il y a les affaires sérieuses, difficiles, où il va falloir compter, serrer, diminuer, entrer dans le dur. Car la situation économique n'est vraiment pas bonne : chômage, dette, croissance, budget. Et elle peut même se dégrader encore. Et ça, le sale boulot, c'est pour les gars de droite en manque de maroquins depuis des années : Philippe, Le Maire, Darmanin. Ça tombait bien, Macron cherchait ce genre de personnages pour préserver son centre, sa gauche, et avant tout lui-même, quand arriveront les mauvais chiffres, la crise et la rue. Et quand on voit comment il a laissé la brave Mme El Khomri s'effondrer devant les Nuit debout, on ne doute pas qu'il saura aussi courageusement les lâcher. À chacun son destin.

Faut-il ajouter que le centre, la gauche et la droite selon Macron partagent, en outre, une même cécité : il n'y a pour eux aucun problème d'immigration ou d'islamisation ! Macron, dans son gouvernement, a rendu à nos tendances politiques leur lie : à la gauche, l'image tenant lieu de fond ; au centre, le verbe creux ; à la droite, la gestion sans ambition autre que « L'Europe, l'Europe, l'Europe ».

Mais, dès le 23 avril, on a bien vu qu'étaient solidement installées, de chaque côté de ce macronisme de sables mouvants, une vraie gauche et une vraie droite. La première, avec Mélenchon, a certainement touché son plafond et se dégonflera aux législatives. La seconde, grâce à l'explosion de la droite LR, est bien plus forte et attractive qu'elle ne le croit elle-même. Car la recomposition Macron, en lui enlevant ses maillons faibles, lui a donné une cohérence sans pareille. Il suffirait simplement qu'elle s'en rende compte. Et rapidement.

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18 mai 2017 à 15:01

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