Certes, le chef de l’État et le chef du gouvernement ont droit à des vacances comme tout un chacun. Mais, comme le souligne avec beaucoup d’à-propos, Georges Michel, la France a été à un cheveu de l’incident diplomatique en pensant envoyer une simple secrétaire d’État pour représenter notre pays afin de célébrer le centième anniversaire de cette importante bataille.

Qu’on ne s’y trompe pas. Cette bataille d’Amiens, aussi appelée bataille de Montdidier, sonne le glas de l’armée allemande. Elle se déroule du jeudi 8 au dimanche 11 août. Elle est décisive car elle marque ce qu’on appelle « l’offensive des Cent-Jours ». C’est elle qui symbolise peut-être le mieux le terme de guerre mondiale en rassemblant autant de nationalités différentes en un champ aussi réduit. C’est elle qui donne le parfum de la victoire pour la France et ses alliés. C’est grâce à elle que, 93 jours plus tard, l’armistice sera signé.

"Nouvelle et victorieuse offensive des Alliés. Les armées franco-britanniques bousculent l’ennemi", titre L’Action française du vendredi 9 août. "Nous avons déclanché[ref]La faute d’orthographe n’a pas été corrigée en une de La Croix.[/ref] (sic) une nouvelle offensive au sud-est d’Amiens. Les Français et les Américains s’installent sur la rive nord de la Vesle", indique La Croix du même jour. En effet, les forces alliées (France, Grande-Bretagne et les troupes Commonwealth) commencent par pilonner méthodiquement les lignes ennemies avec l’artillerie et l’aviation. L’effet de surprise est total. Les Allemands sont vite débordés. Certaines unités en première ligne fuient les combats, d'autres se rendent sans opposer de résistance.

En quelques heures, les seuls soldats français font environ 15.000 prisonniers allemands et prennent plusieurs centaines de canons. Les Canadiens enfoncent les lignes adversaires de plus de treize kilomètres. Le Petit Parisien, dans son édition du 9 août, titre en une : "Nos Alliés, sur un front de vingt kilomètres, ont avancé en moyenne de dix kilomètres." Preuve que cette offensive est importante, y compris aux yeux des politiques : le président du Conseil, Georges Clemenceau, se rend le 11 août dans les "régions reconquises à l’est de Montdidier, de Moreuil et d’Amiens. [Il] assiste au milieu des troupes de première ligne à une attaque effectuée par une de nos plus brillantes divisions dans la région de Roye"[ref]Le Petit Journal du 12 août 1918, page 1.[/ref]

L’impact de la bataille d’Amiens est tel que qu’Erich Ludendorff (1865-1937), général en chef adjoint des armées allemandes, évoque "le jour de deuil de l’armée allemande". Il a raison. C’est la plus grande défaite que l’Allemagne ait connue en une seule journée au cours de la Première Guerre mondiale.

L’impact est tel que, les 13 et 14 août, des rencontres au sommet se déroulent au Grand Quartier Général (GQG) allemand situé à Spa (Belgique) entre les chefs militaires, le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Paul von Hintze[ref]Paul von Hintze (1864-1941) est un officier de marine et un diplomate allemand. Il occupe le poste de secrétaire d’État aux Affaires étrangères du 9 juillet 1918 au 3 octobre 1918.[/ref], le chancelier Georg von Hertling[ref]Georg von Hertling (1843-1919), philosophe, est chancelier du 1er novembre 1917 au 30 septembre 1918. Il est alors remplacé par Max von Baden.[/ref], l’empereur Guillaume II puis l’empereur Charles Ier d’Autriche. On en conclut qu’il faut "guetter le moment favorable pour se mettre d’accord avec nos ennemis"[ref]Meyer, Jacques, Le 11 novembre - Hachette 1964, page 11.[/ref].

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08 août 2018 à 23:18

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