La période des corrections s’achève pour les correcteurs du baccalauréat. L’un d’eux a posté sur Facebook un texte qui a fait parler de lui sur la Toile. Dans ce post, elle se désole de l’affligeante médiocrité de la grande majorité des copies :

"Dans 90 % des cas les méthodes ne sont pas appliquées, les réponses ne sont pas trouvées, les textes ne sont pas compris, les outils d’analyse ne sont pas connus, pas utilisés, l’expression est déplorable avec beaucoup de phrases sans verbe, l’orthographe est un lointain souvenir d’une autre époque, les majuscules… un soldat inconnu."

Pourtant, la hiérarchie (les inspecteurs pédagogiques) exige que chaque paquet ait une moyenne de 10. Quitte à remonter d’office les notes. Notre confrère se demande à quoi bon, alors, non seulement passer du temps à corriger mais aussi à enseigner, à tenter de transmettre une culture durant l’année.

Le constat de ce professeur n’est pas isolé. Même dans les matières scientifiques, même dans les filières générales, l’absence de maîtrise du français pose des problèmes. D’autres qu’elles l’ont écrit. La différence, c’est qu’elle annonce qu’elle refuse de jouer ce jeu du mensonge :

"Alors je fais mon choix. Je ne joue pas. Je ne cautionne pas. Je choisis de mettre les notes que ces malheureuses copies valent. Vous distribuerez vous-mêmes, en haut lieu, les notes qui arrangent votre politique."

Choix que peu font, que moins encore revendiquent et c’est courageux. Car comme elle le dit, la bienveillance, ce n’est pas le mensonge. La moitié des bacheliers échoueront dans le supérieur, plus encore en université. La plupart du temps parce qu’ils n’ont pas le niveau pour suivre des études supérieures, contrairement à ce que l’obtention du bac leur avait fait croire. Beaucoup de ces bacheliers, mieux diplômés que leurs parents, trouveront finalement des emplois moins qualifiés (et moins payés) qu’eux. De quoi faire des aigris.

M. Blanquer veut revaloriser le baccalauréat pour qu’il prépare mieux aux études supérieures. Acceptons-en l’augure, mais cela ne peut passer que par l’arrêt du mensonge de 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat, par l’arrêt des consignes de surnotation transmises souvent aux correcteurs. Si ce n’était pas le cas, il faudrait que la révolte de cette enseignante soit un exemple à suivre pour tous les enseignants. Car nous devons la vérité à nos élèves.

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29 juin 2017 à 21:55

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