Qu'est-ce que l'économie ?

Curieusement, la plupart des ouvrages contemporains d'économie n'en donnent pas de définition... Or, comment peut-on disserter à perte de vue - ou s'affronter - sur ce sujet capital sans l'avoir défini et s'être fixé des objectifs ? Pour nous (et pour les auteurs antiques et classiques), l'économie est l'art de pourvoir le foyer familial (oïkos) en ce qui lui est nécessaire et, si possible, agréable. L'art, aussi, pour ces entités de base (familles, entreprises) de contribuer à la prospérité collective ("maximisation du rendement social" chez Maurice Allais). Et, enfin, l'art de répartir les richesses afin d'encourager cette "maximisation" tout en préservant l'harmonie sociale (omonoïa, isonomia). Il y a, bien sûr, de fortes oppositions sur les façons de pratiquer cet art : libéralisme classique, colberto-gaullisme, socialisme, et l'ultra-capitalisme mondialiste ambiant... Cet art est le sujet central de l'économie politique. Sur ce sujet central se sont greffées des disciplines annexes : statistiques, économétrie, économie monétaire ou financière, macroéconomie, microéconomie, économie d'entreprise (et gestion), etc. Mais, à présent, il règne la plus grande confusion dans le monde de la pensée économique : si l'idée socialiste s'est fanée, le discours ultralibéral mondialiste s'est arrogé un quasi-monopole dans les médias (détenus par la finance). Et des officines comme les Gracques, Bilderberg, le Siècle, le Cercle des économistes, la fondation Robert-Schuman, Davos, etc., sont là comme appui-feu propagandiste.

Or, la grande dépression des années 2008 est venue rappeler que la vocation des bulles spéculatives, nées d'aberrations juridiques, sont vouées à éclater après avoir enrichi les spéculateurs et ruiné d'innombrables victimes innocentes. Des économistes se mirent alors à redécouvrir le droit jus (à ne pas confondre avec le droit lex). On citera, notamment, le prix Nobel d'économie Joseph E. Stiglitz, qui dénonce le mondialisme (La Grande Désillusion, Fayard, 2002) et en appelle au secours des juristes face à la crise financière (Le Triomphe de la cupidité, LLL 2010).

Qu'est-ce que le droit économique ?

L'économie seule est comme un moteur sans embrayage ni roues. C'est l'économisme. Pour produire les effets espérés et annoncés, la politique économique a besoin d'être mise en forme et en œuvre par des lois ou des traités internationaux. Le droit économique a pour objet :

- de mesurer les effets vertueux ou vicieux des lois traduisant les choix économiques : fiscalité, droit des sociétés, des faillites, du travail, de la banque-finance, de l'environnement, procédures judiciaires, etc. C'est la jurimétrie, science inventée au Canada mais embryonnaire en France.

- de concevoir les règles juridiques pertinentes capables de canaliser les forces du marché : droit de la concurrence et de la consommation, libre circulation des produits, des services, des travailleurs et des capitaux, ou d'imaginer les dispositifs étatiques susceptibles de dynamiser les "forces productives" (comme les appelle Friedrich List) : réglages fins des taxes et quotas douaniers, règles bancaires prudentielles, participation des salariés aux résultats de leur entreprise, programmes d'investissements publics, politiques de recherche et de sa valorisation.

En conclusion.

Les Français ont le droit d'être perdus face aux discours contradictoires qu'ils entendent des économistes et des politiciens. Le dernier en date (2 avril) tente de les persuader que leur niveau de vie n'aurait pas baissé. C'est évidemment un mensonge par sa méthode qui consiste à diviser le PIB (RNB) par le nombre d'habitants. En dissimulant tant la dette colossale que l'écart qui s’accroît démesurément entre les plus riches et les plus pauvres, ce qui fausse le calcul par le recours à une moyenne mathématique. Les Français ont assez de bon sens pour comprendre ce qui leur nuit : la mondialisation imposée par Bruxelles détruit leur industrie et leur agriculture, sur fond de prélèvements de plus en plus prédatoires. L'euro a multiplié les prix de 2 à 5 fois et fait exploser le déficit commercial. Ils sauront juger alors quels candidats proposent de continuer ce qui les tue, et lesquels proposent la thérapie de bon sens qui interrompra leur chute infinie.

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05 avril 2017 à 20:37

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