Attentat islamiste de Trèbes : Emmanuel Macron, vous avez dit « endogène » ?

On voit le président de la République à la télévision et on se frotte les yeux : incroyable ! On entend le président de la République et on n’en croit pas ses oreilles : invraisemblable ! Évoquant l’attentat de Trèbes, Emmanuel Macron a estimé que ce terrorisme-là était difficile à combattre car "endogène"

Endogène, vous avez dit endogène ? Comme c’est endogène ! Ne voulant pas être seul à taper sur le chef de l’État, je suis allé chercher du renfort du côté du Larousse. Et pour "endogène", j’ai trouvé la définition suivante : "Qui est produit par la structure elle-même en dehors de tout apport extérieur : par opposition à exogène."

Monsieur Macron, vous trouvez les actes de Radouane Lakdim très « endogènes » ? Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche, Amedy Coulibaly, les frères Kouachi, Salah Abdeslam, c’était également très "endogène" ?

Mais il y a aussi des milliers – pour rester dans la terminologie présidentielle – d'« exogènes ». Tous ceux qui sont partis faire le djihad en Irak et en Syrie. Là-bas, ils étaient « exogènes ». Mais dès qu’ils rentrent en France, ils deviennent « endogènes ». Un va-et-vient géographique et sémantique en tout point intéressant.

Une autre expression d’Emmanuel Macron a de quoi faire réfléchir. Il a parlé des "différents profils psychologiques" des terroristes. "Certains, a-t-il dit, relèvent de la pathologie, d’autres non." ». Une précision indispensable pour ne pas stigmatiser une religion et pour mettre sur le dos de la folie meurtres et assassinats. Macron a simplement omis de dire que, fous ou pas fous, ils avaient tous les mêmes mots à la bouche : "Allah akbar".

Ne stigmatisons pas. C’est ce que demande Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Il a réclamé, il y a quelques jours, un "habeas corpus républicain" pour les musulmans injustement montrés du doigt après chaque attentat. Que lui dire ? La bonne réponse est dans une excellente chronique de Natacha Polony. Elle a trouvé une heureuse formule : "Fichés S comme sourates" !

P.S. : Il ne faudrait pas oublier d'évoquer Gérard Collomb. Le ministre de l’Intérieur a dit que Radouane Lakdim ne montrait pas "de signes apparents de radicalisation" (il était fiché S depuis quatre ans !). Et il a ajouté : "Il est passé à l’acte brusquement." Brusquement, sans prévenir… Le terroriste n’a même pas eu la courtoisie d’informer Gérard Collomb qu’il allait tuer. Méchant Radouane Lakdim !

Benoît Rayski
Benoît Rayski
Journaliste et essayiste

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