Plus que la description des faits, suite au énième attentat commis par des nihilistes musulmans à Londres, c’est la sémantique de rigueur qui semble non moins intéressante et porteuse d’enseignements. Nous passerons le cortège des tweets « nos pensées vont à », « solidarité », etc., l’illumination de bâtiments publics aux couleurs du pays touché, la quinzaine de la bougie, de la fleur et de la larme (et non de l’alarme) à peu de frais pour des politiques ayant leur part de responsabilité, pour nous intéresser à leurs déclarations officielles suivant immédiatement les faits.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, par exemple, a parlé "d’attentat lâche". Il est vrai que nous avions eu le cas de figure de certains « attentats courageux ». Le maire de Londres parle, quant à lui, d’une "attaque délibérée et lâche" : idem, il est vrai que nous eûmes, par le passé, affaire à des « attaques involontaires et courageuses ».

Le pote à Macron, Trudeau, parle de "terribles nouvelles de Londres". Macron, le pote de Trudeau, parle d’une "nouvelle tragédie". "Un terrible événement", continue Theresa May, la première Britannique, et "une nouvelle tragédie" pour Charles Michel, le premier Belge.

La petite caste de dirigeants européens se retrouve ainsi à commenter les fruits de ses propres erreurs et, l’air de rien, fait furieusement penser à ces gangsters dissimulés parmi les otages sortant de la banque qu’ils viennent de braquer, en profitant ainsi pour prendre la poudre d’escampette, le cul confortablement calé dans leur insupportable sémantique.

Vous me direz qu’on ne voit ça que dans les films : le sang des Européens maculant de plus en plus souvent les trottoirs des capitales du « Vieux » Continent atteste que nous sommes pourtant dans le réel. Et voici ce réel, relaté par un témoin, dans le Telegraaf : "Ils couraient en criant c’est pour allah ! c’est pour allah ! Ils ont poignardé une fille en la tailladant peut-être à dix, quinze reprises, elle appelait au secours mais je n’ai rien pu faire..."

Ceci n’explique pas entièrement cette langue de bois, aux proportions psychiatriques, manifestée par nos politiques, consistant à éviter certains mots pour en favoriser d’autres, mais, enfin, entre "tragédie", "terrible événement" ou "terribles nouvelles", nous pourrions aussi bien être en proie à une série de catastrophes naturelles… Certes, de-ci, de-là, il est question "d’attaque" ou "d’attentat lâche". Attentat de qui, de quoi, pourquoi ? De nouveau, le fameux « horizon psychiatrique » (à l’image de l’horizon cosmologique des astrophysiciens), ce mur sémantique empêchant le citoyen-astronome de voir plus loin… Le moindre être humain porteur de bon sens soupçonne, là, ce flirt sémantique avec la psychiatrie, et il s’en inquiète, car il signifie peut-être tout bêtement que la situation est infiniment plus grave que les politiques nous le font croire.

Ce sang européen qui coule de plus en plus régulièrement, c’est peut-être le premier signe de la métastase du cancer fondamentaliste rongeant un islam importé sur le continent. Si le rôle du politique est celui du médecin en face d’un malade - à savoir établir un diagnostic et, en corollaire, un traitement -, nous sommes perdus : Theresa May vient, en effet, de déclarer : "[...] on doit s’attaquer à la destruction d’une idéologie qui n’a rien à voir avec l’islam." Autrement dit, un médecin constatant le cancer de son patient lui dit : « Cette maladie n’a rien à voir avec vous. » Et il précise : « Tout individu prétendant le contraire ne serait qu’un islamophobe. »

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04 juin 2017 à 22:45

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