Attentat à Toronto : encore un candidat à la célébrité ?

Et encore un meurtre de masse à la camionnette ! Cette fois, c’est à Toronto que cela se passe. Le bilan ? Dix morts et de nombreux blessés. Celui qui a foncé dans la foule des badauds ? Un certain Alek Minassian, informaticien de profession. Et à chaque fois, la même question : attentat terroriste ou pas ? Lié à Daech ou non ? Rien de tout cela : Alek Minassian est un homme sans histoires ; enfin, jusque-là.

Il n’y a donc pas besoin de cause politique ou religieuse pour donner la mort, voire même de frustrations adolescentes, tel que c’est généralement le cas pour ces étudiants américains confondant campus universitaires et champs de tir. L’acte peut se révéler tout bonnement gratuit et le seul besoin de faire parler de soi suffire.

Car pour des attentats soigneusement coordonnés - ceux du Bataclan et de Bruxelles, pour ne citer que les derniers en date -, combien d’autres n’obéissent apparemment pas à la moindre logique ? En effet, on peut expliquer les premiers, qui relèvent de celle de la guerre. L’état-major de l’État islamique, principalement constitué d’anciens cadres laïcs du parti Baas irakien, entendait rendre coup pour coup à cette France venue les combattre sur son terrain. Et caressait sûrement même l’espoir de faire se soulever ses coreligionnaires musulmans contre les Français autochtones, quitte à ce que ces derniers se dressent contre ce qui aurait pu alors passer pour une cinquième colonne. Une guerre civile aurait bien fait leur affaire.

Cela ne s’est pas passé ainsi. Comme quoi la société française est peut-être plus solide qu’il n’y paraît. Pour quelques excités issus de l’immigration, une écrasante majorité a montré sa fidélité à la terre d’accueil plutôt qu’à la religion de ses pères. La foi, fût-elle déviante et dévoyée, peut certes se révéler un levier puissant, mais pas toujours - la preuve.

En revanche, il est moins sûr que des actes tels que l’assassinat du père Jacques Hamel ou la récente tuerie de Trèbes relèvent du même processus, même si revendiqués par Daech sur le tard. Car si les cadres de l’État islamique peuvent parfaitement instrumentaliser de jeunes Français pour atteindre tel ou tel objectif de guerre, d’autres jeunes Français peuvent tout aussi bien se servir du même État islamique pour simplement donner un sens à leur vie, sortir de l’anonymat ; bref, devenir célèbres.

Pour cela, il suffit de beaucoup de narcissisme et d’encore plus de violence, des sentiments qui, malheureusement, ont tendance à se répandre de plus en plus. Il est à craindre que ce phénomène ait encore de beaux jours devant lui, que ce soit en France ou, désormais, au Canada, là où le meurtrier ne s’est même pas donné la peine d’habiller son crime d’on ne sait quel mobile politico-religieux. Un inextinguible mal de vivre et, encore une fois, le besoin « d’exister » ont, semble-t-il, suffi. Voilà qui en dit long sur l’état de nos sociétés données pour enfin apaisées.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:59.
Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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