Le feuilleton de l'Aquarius est comme le feuilleton Plus belle la vie : il a chaque jour un nouvel épisode. Dans celui d’aujourd’hui, le navire a récupéré 58 migrants venus de Libye en les soustrayant de force aux gardes-côtes libyens qui voulaient les ramener à leur point de départ.

Cette action d’éclat vaut au navire le retrait du pavillon panaméen qu’il venait de hisser. Dès qu’il aura accosté dans un port, il deviendra apatride et ne pourra plus, en principe, naviguer. Mais les ONG qui affrètent l'Aquarius n’ont pas modifié d’un iota leurs exigences. Surjouant l’indignation, ils somment l’Europe de leur trouver un port où débarquer (pour l’heure, ils se dirigent vers Marseille, car tous les autres pays vont les refouler) et un nouveau pavillon. Ils exigent, en outre, qu’on les avertisse dès qu’une embarcation de migrants est en difficulté pour aller la secourir. Ils n’esquissent pas l’ombre d’une autocritique et affirment que, puisque les arrivées par bateau des immigrés ont diminué de 80 %, il n’y aurait aucun danger à autoriser leurs activités : l’Europe ne serait pas submergée. Pourtant, 28 % des enfants nés en France ont un parent qui n’est pas originaire de l’Union européenne !

Cette diminution incontestable des arrivées maritimes est probablement une conséquence de la quasi-suppression des navires sauveteurs, puisque seul l’Aquarius est encore en activité. Les passeurs et les immigrés hésitent à tenter la traversée, car ils ne seront plus recueillis dans les eaux libyennes par les bateaux des ONG. Néanmoins, si le nombre de traversées s’effondre, celui des morts augmente fortement (la Méditerranée, "plus mortelle que jamais", selon un rapport du HCR de début septembre), car les frêles esquifs des passeurs qui échappent aux gardes-côtes libyens doivent faire une longue traversée pour laquelle ils ne sont pas préparés. Tout être humain normal ne peut que regretter ce carnage.

Or, pour mettre fin à cette hécatombe, il faudrait que les migrants n’aient aucune chance d’être admis par ce biais en Europe et qu’ils soient systématiquement reconduits d’où ils viennent. Les renvoyer à leur point de départ ne fait que rétablir une situation antérieure. Si la Libye était un tel enfer, pourquoi l'Aquarius n’accoste-t-il pas dans un de ses ports pour faire le plein de réfugiés et, ainsi, les sauver ? Cela leur éviterait de risquer leur vie inutilement !

Évidemment, les voix des « progressistes » et des « bien-pensants » s’élèvent pour soutenir l'Aquarius et reprocher à Emmanuel Macron de ne pas accueillir le navire. Au bout de quelques jours et de l’habituelle pantalonnade, l'Aquarius accostera probablement à Marseille. En revanche, il ne repartira pas, sauf si un pays européen lui accorde un pavillon. Qui sait si un gouvernement ne cédera pas aux pressions de ses progressistes ?

Mais alors, les autres nations lui enverront sans remords la prochaine cargaison de migrants et la ronde cynique recommencera. Elle pourrait être drôle si de nombreuses vies humaines n’étaient pas en jeu.

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25 septembre 2018 à 15:48

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